Mercredi 22 janvier, le mouvement social a emprunté les autoroutes pour converger vers le centre de Lille. Il s’agissait des agriculteurs du Nord et du Pas-de-Calais qui s’opposent aux Zones de non-traitement (ZNT) imposées par décret. Organisée par la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) et les Jeunes agriculteurs (JA), et rejointe par la Coordination rurale du Nord, la manifestation a réuni près de 500 personnes conduisant chacune un tracteur. En attendant qu’une délégation soit reçue par le directeur adjoint du cabinet du préfet, de nombreux agriculteurs se sont rassemblés place de la République.
Le décret dont ils exigent le retrait définit des zones de non-traitement de 5 à 50 mètres selon les cultures situées à proximité des riverains. Pour la Coordination rurale du Nord, « Ces ZNT sont un déni de la réalité économique, scientifique, environnementale et sanitaire. En véhiculant une image négative et fausse des agriculteurs, en nous étiquetant comme pollueurs alors que nous élaborons des produits sains dans le respect d’une des réglementations les plus strictes qui soient, l’État alimente les peurs et est aujourd’hui le premier artisan de l’agri-dénigrement ».
Dans un communiqué, elle rappelle que « l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ne s’est jamais prononcée pour des ZNT, reconnaissant que l’usage que nous faisons des produits phytosanitaires ne présente pas de danger pour les riverains ».
Pour Marc Messan (FDSEA), agriculteur à La Chapelle d’Armentières, ces ZNT représentent 6 000 hectares dans le Nord et le Pas-de-Calais qui ne peuvent plus être cultivés. Mathieu Leroy, jeune exploitant à Comines (150 ha) décrit des rapports très tendus avec les riverains (insultes, doigts d’honneur, etc.) et craint une escalade. « Nous utilisons pourtant des pulvérisateurs dernier cri et nous prenons toutes les précautions nécessaires avant de traiter : choix de l’horaire, prise en compte de la vitesse du vent, etc. Mais si je pulvérise la nuit, on me soupçonne d’avoir des choses à cacher. Et le samedi soir, les gens vont manger chez KFC du poulet importé à 80 % du Brésil ou de Pologne, sans garantie de qualité ! »