Pourquoi se soucier de la retraite quand on a vingt ans ? C’est si loin ! Pourtant les jeunes sont nombreux à combattre le projet de réforme. Par solidarité avec leurs parents ou grands-parents disent certains qui n’ont pas envie de voir leurs proches trimer plus longtemps.
D’autres redoutent que le recul de l’âge du départ en retraite des salariés seniors ait un impact négatif sur l’embauche des plus jeunes. Une crainte qui n’est pas vraiment fondée, selon de nombreux économistes pourtant critiques sur la réforme. Certes, depuis 40 ans, en France, le taux d’emploi des moins de 25 ans chute alors que celui des 50-64 ans augmente. Mais aucune étude plus approfondie ne vient prouver de lien mécanique entre les deux, explique par exemple Annie Jolivet, chercheuse au Centre d’études de l’emploi et du travail [1].
Si cette crainte est pourtant bien ancrée dans la tête des jeunes, c’est peut-être parce qu’ils sont déjà lourdement touchés par le chômage (fin 2022, le taux de chômage des moins de 25 ans était de 16,9 %, selon l’Insee, contre 7,2 % pour l’ensemble de la population active). Beaucoup d’entre eux ont également été confrontés à une grande précarité pendant la crise liée au Covid qui leur a fait perdre les petits boulots qu’ils occupaient (restauration rapide, baby-sitting...).
Et ils sont les premières victimes de la réforme de l’assurance-chômage de 2021, durcie encore depuis début février (ouverture des droits limitée, durée d’allocation réduite...). Cette avalanche de régressions des droits sociaux en quelques mois leur dessine un avenir de précarité et d’insécurité sociale dont ils ne veulent manifestement pas. C’est ce monde-là qu’ils contestent en bloc.