Dossier : Ouverture d'une École européenne À Marcq-en-Baroeul

Martine Roussel y voit les prémissses d’une école à deux vitesses

par Philippe Allienne
Publié le 19 avril 2019 à 15:06

Le Conseil municipal de Marcq-en-Baroeul, réuni ce 17 avril, s’est prononcépour la création d’une école européenne sur son territoire. L’élue communiste Martine Roussel a expliquépourquoi elle s’oppose à ce projet.

Le dossier est déjà bien avancé puisque l’École européenne doit ouvrir dès la rentrée prochaine. Elle regroupera une école maternelle, une primaire, un collège et un lycée qui proposeront un cursus francophone et une cursus anglophone. En attendant la construction en dur, pour un coût de 20 millions d’euros supporté par le Conseil régional et la Mel, deux classes de maternelle et deux classes de primaire seront organisées dans des bâtiments préfabriqués tandis que deux classes de sixième seront hébergées au sein du lycée Kernanec.

A terme, l’école européenne accueillera 800 élèves, toutes classes confondues. Elle sera construite sur l’actuel terrain de rugby proche du lycée Kernanec. Au départ, elle devait s’installer à Lille, au sein du lycée Montebello. Ce dernier ne s’y étant pas montré favorable, la Région s’est mise en quête d’autres lieux. Parmi ceux-ci, la municipalité de Marcq-en-Barœul qui compte deux lycées publics et deux lycées privés (dont l’Institution libre de Marcq-en-Baroeul) se réjouit d’accueillir un établissement prestigieux. Dix projets de ce type existent en France dont deux réalisés à Strasbourg et Courbevoie.

École de la confiance

Pour la conseillère d’opposition Martine Roussel (PCF), les choses ne sont pas aussi simples. D’abord, s’étonne-t-elle, le projet porté par la Région s’inscrit dans « l’Ecole de la confiance » du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. « Or, la loi n’est pas encore adoptée définitivement par le Parlement (le Sénat doit l’examiner le 13 mai avant un retour à l’Assemblée nationale). » Lors de son intervention devant le conseil municipal, elle a dit constater que « lorsqu’on veut aller vite, dans cette période d’interrogations sur l’Europe et le Brexit, on est très efficace pour trouver le terrain, les financements, et précipiter les décisions... alors que depuis des années, par exemple, le collège des Rouges Barres et le lycée Kernanec déplorent que ne soient pas menés des travaux urgents de réhabilitation ». Pour l’élue, qui déplore un défaut de concertation avec les parents et la population, « une telle précipitation cache un manque de démocratie ». D’autre part, dénonce-t-elle, cette école « est faite pour attirer les entreprises, internationales et britanniques, qui y verraient un avantage pour les enfants de leurs cadres. La Région et son président ont pour ambition de créer un pôle d’excellence sans se préoccuper du nécessaire équilibre territorial en France, ce qui ne peut réduire le chômage, y compris dans notre région. Où sera la justice sociale ? »

Vers une école à deux vitesses

Autre critique de taille, Martine Roussel doute que l’établissement soit réellement ouvert à tous. « On évoque un pourcentage d’élèves boursiers, mais de façon hypothétique, et je reprends vos termes “selon des caractéristiques sociales et économiques’’. En plus, il faudra qu’ils répondent à des tests très exigeants. Cela en fait-il un lycée public, garanti ouvert à tous ? » Pour l’élue communiste, « cet établissement va fonctionner comme un établissement privé mais sur argent public (même si les entreprises sont invitées à mettre la main à la poche). Cela signifie que l’école en France va devenir une école à deux vitesses, ce que les gouvernements antérieurs ont déjà amorcé et que le Président Macron avec son ministre Blanquer parachève ». La Ville de Marcq-en-Baroeul est appelée à disposer de quatre lycées si nous incluons le privé. Le recrutement à l’école européenne se faisant sur tests, ces lycées vont entrer en concurrence au niveau de la carte scolaire. Je me demande où logiquement il pourrait y avoir une complémentarité quelconque. Au contraire, le lycée public Kernanec pourrait être le premier touché et les personnels enseignants verraient partir leurs meilleurs élèves.