Même pour les chefs d’établissement la réouverture c’est non !

par JEROME LEROY
Publié le 30 avril 2020 à 12:02

ll y a des signes qui ne trompent pas. La résistance de la communauté éducative à la reprise des cours le 11 mai n’est pas seulement le fait de profs qui ne voudraient par sortir de la tranchée sans préparation d’artillerie. Loin s’en faut. Comme souvent, on tente de les discréditer, de les calomnier, on parle des caissières pour leur faire honte dans une belle ignorance des spécificités du métier, comme si le malheur des uns devait supposer le malheur des autres et non la sécurité pour tous.

On oublie l’avis négatif de l’ordre des médecins, on fausse les comparaisons en parlant du déconfinement des écoles dans des pays qui ont été infiniment moins frappés par l’épidémie grâce à une politique de dépistage massive et de port du masque précoce (Corée du Sud, Allemagne, Autriche), ce que ce pouvoir a été infoutu de faire ! Chose très surprenante, devant le flou anxiogène des décisions, devant la manière dont le ministre a de se défausser pour les modalités pratiques sur les collectivités locales et les chefs d’établissement, il se trouve que ces derniers eux aussi opposent un non catégorique comme on le verra dans ce communiqué de presse du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale) du 20 avril.

Le Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale, affilié à l’UNSA n’est pourtant pas particulièrement rebelle, et est ultra majoritaire dans la profession. Il est même un allié fidèle du ministère pour transformer depuis une petite trentaine d’années les établissements scolaires en PME dont ils sont les patrons. Il faut savoir aussi que la formation des chefs d’établissements suppose nécessairement des stages en entreprise et des cours de management, ce qui est d’ailleurs très révélateur dans le vocabulaire et les méthodes qu’ils emploient pour que ça file droit, depuis 1988, date à laquelle ils sont devenus un corps distinct de celui des enseignants...

On sera d’autant plus surpris par le ton sans équivoque du communiqué, lequel refuse l’idée de reprise sans les conditions sanitaires et des directives précises, histoire qu’on ne leur fasse pas endosser, si les choses tournaient mal, la responsabilité juridique de la casse humaine éventuelle, une fois que tout sera terminé et qu’on cherchera des lampistes pour payer la note. Et eux aussi, de filer la métaphore militaire à la mode : « Par analogie avec ce qui se passe en termes de mise en cause du commandant du porte-avions Charles-de-Gaulle, les personnels de direction, en l’état des connaissances scientifiques actuelles relatives au Covid-19, ne sauraient voir leur responsabilité engagée pour des décisions qui ne relèvent ni de leurs compétences ni de leur expertise. » Bref, Blanquer est prévenu.