Les lecteurs et lectrices de Liberté Hebdo seront sans doute étonnés de l’apprendre : Le Figaro ment. Plus précisément, son éditorialiste, si bien attaché au dogme libéral, ment. Pire, il ne vérifie pas ses informations quand il écrit que la « grève surprise [des agents de la SNCF] était illégale, déclenchée pour un motif sérieux, certes, mais sur une base qui est un véritable détournement du droit de grève ».Il ne vérifie pas ses informations lorsqu’il affirme que « les cheminots ont invoqué leur droit de retrait à tort : ce droit est individuel, le mouvement a été collectif, et vraisemblablement orchestré par la CGT ».
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Le mouvement de retrait des cheminots, après l’accident entre un TER et un poids lourd dans les Ardennes, a provoqué de vives réactions tant dans le public que chez les responsables du gouvernement, ceux de la SNCF, et les médias. Mais en fait, Nicolas Beytout ne fait jamais que soutenir et renforcer les propos du Premier ministre, Édouard Philippe, qui demande des sanctions contre les grévistes. Ce dernier est bien évidemment entendu et suivi par le président (en partance) du directoire de la SNCF Guillaume Pépy. Depuis son arrivée, ce dernier n’a d’ailleurs eu de cesse de masquer les réalités liées à l’établissement, notamment en matière de sécurité.
Cela est d’ailleurs démontré par le film réalisé par Gilles Balbastre en 2015, et coproduit par le Comité d’établissement régional de la SNCF et le cabinet d’expertise Émergence, « Vérité et mensonges sur la SNCF ». Mais ce qui apparaît ici, c’est la volonté profonde de discréditer les agents de la SNCF tout en se servant de l’agacement des voyageurs à la veille de leurs vacances d’automne. La longue grève pour la défense de leur statut n’aura pas été pardonnée aux agents.
Plus encore, le gouvernement, arc-bouté comme on le sait sur ses réformes, n’entend rien laisser passer.Quitte à démentir et à contrer l’Inspection du travail qui, en Alsace, demande la suspension de la conduite des trains régionaux avec un seul agent à bord. Rien pourtant, surtout de la part des dirigeants de ce pays, ne doit permettre de se livrer à une telle campagne de dénigrement contre une profession déjà très attaquée sur les moyens et dont le statut a été condamné par ce même gouvernement. Une profession, en tout cas, très attachée au service public et, en l’occurrence, au service et à la sécurité du public.