Télévision

N’oubliez pas le service public audiovisuel

par JEAN CLAUDE QUILLET VILETTE
Publié le 24 décembre 2020 à 10:55

La crise de la Covid-19 a provoqué suite au premier confinement de mars à mai, un effet de déflagration pour les chaînes de télévision privées, dont le chiffre d’affaires repose presque intégralement sur la publicité. En effet, les annonceurs ont décidé de suspendre leurs investissements entraînant de fortes inquiétudes parmi ces médias. Les pertes pourraient atteindre un milliard d’euros, voire plus pour l’ensemble du secteur. Si l’on en croit le dernier Baromètre unifié du marché publicitaire (BUMP), révélé mardi 15 septembre, il y a pourtant une forte probabilité que 2020 s’achève sur un air de 1999. Le marché de la communication et des médias devrait en effet accuser une baisse de 20 % par rapport à 2019, soit une dégringolade de sept milliards d’euros, malgré un niveau mensuel des investissements de communication qui devrait être revenu, en fin d’année, à celui d’avant la crise sanitaire. Combien TF1, M6, BFM TV ou C8 vont perdre à cause de la Covid-19 ? La moitié de leur chiffre d’affaires, les deux-tiers, plus encore ? À ce stade, l’ampleur des dégâts est impossible à prédire. Nicolas de Tavernost, patron du groupe M6, et Gilles Pélisson, son homologue de TF1, ont annoncé une chute d’au moins 50 % de leurs revenus pour les mois en cours. « Mais ça ne s’arrêtera pas là, nous ne ferons pas le double de spots en juillet pour compenser les pertes », prévient un autre dirigeant du secteur privé. Le plan de relance de 100 milliards d’euros sur deux ans que Castex a présenté en septembre dernier comprend « en principe » quelque 70 mesures autour de trois priorités : la transition écologique, la compétitivité des entreprises, la cohésion sociale. Mais comment sera-t-il réellement mis en œuvre ? Les « 100 milliards de Castex » seront-ils vite placés chez ces publicitaires en « panne de financement », sous la protection de Macron et Castex, réglés par des campagnes « anti-virus » et autres, comme nous les subissons depuis les confinements, déconfinements, couvre-feu, autorisations de sorties et autres ? Sachant que créer une publicité vidéo permet d’atteindre une large audience en milieu de journée, une grande chaîne nationale telle que TF1 ou M6 facturera en semaine la diffusion d’une publicité TV de 30 secondes entre 3 000 € et 7 000 €. Le dimanche, cette diffusion en milieu de journée pouvant atteindre 13 000 € voir plus ! L’exécutif et Castex ont-ils trouvé un biais afin de satisfaire les amis porteurs de leur politique de casse sur les antennes privées et, ainsi, leur faire bénéficier des milliards de la relance ? Des « pubs » réglées par la CPAM, le ministère de la Santé et combien d’autres organismes d’État… En effet, l’exécutif n’a pu satisfaire la demande faite par Nicolas de Tavernost (M6). Ce dernier avait proposé que le service public de l’audiovisuel « abandonne la publicité, a minima pendant une certaine période »… En cause, la distorsion de concurrence que révélerait la crise sanitaire... Car là où France Télévision et Radio France ont des ressources garanties par la redevance réglée par les citoyens, le privé « est saigné à blanc » par la disparition des annonceurs sur lesquels repose son modèle économique. Qu’en sera-t-il lors des prochains budgets prévisionnels pour France Télévision, ainsi que des « révisions à la hausse » de la redevance télé pour le citoyen lambda dans les temps à venir ? Faudrait-il que les macronistes suivent la demande de ces milliardaires de l’audiovisuel et que le service public de France Télévision supprime le peu de spots publicitaires qu’il lui reste sur le petit écran ? C’est Tavernost qui a eu l’audace de demander un vote de l’Assemblée nationale, au seul profit de leurs chaînes, alors que France Télévision a été privé de cette rentrée financière sous le règne de Sarkozy, alors président de la République, le 5 janvier 2009, aujourd’hui le « meilleur conseiller de Jupiter »…