Hôpital public

« Nos conditions de travail vont encore s’aggraver ! »

Par Nassima AZIZI

Publié le 17 juillet 2020 à 15:39

« Un moment historique pour notre système de santé. » Après plusieurs semaines de négociations, le nouveau Premier ministre, Jean Castex, annonce la signature du « Ségur de la santé ». Une décision qui ne fait pas l’unanimité, comme l’ont prouvées les manifestations du 14 juillet à Lille et dans le reste de la France.

Ce mardi 14 juillet 2020, avait un air de juillet 1789. En France, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont mobilisées pour dénoncer les accords conclus lors du « Ségur de la santé », jugés insignifiants face aux besoins de l’hôpital public. Dans les cortèges, on aperçoit, la CGT, SUD, Solidaires et le Collectif inter-hôpitaux, tous « déçus  » par ce projet qui « n’a pas répondu à leurs attentes ». « La Covid a montré qu’on avait besoin de lits, on ne les a pas » déplore Guillaume Rosey, infirmier en urologie à Maubeuge. CFDT, Unsa et FO, syndicats de la fonction publique hospitalière qui représentent 50 % de la profession, ont, eux, signé le texte prévoyant un montant de 8,1 milliards d’euros destinés aux salariés non-médicaux des hôpitaux et Ehpad. Une enveloppe qui prévoit une hausse minimum de 183 euros net sur le salaire de l’ensemble des personnels hospitaliers para-médicaux et non-médicaux. Une première augmentation de 90 euros net sera versée à partir du 1er janvier 2021, puis une seconde de 93 euros à partir du 1er mars 2021.

Manifestation du 16 juin 2020.
© Marc Dubois

Une prime loin des 300 euros demandés

Une prime qui se situe bien loin des 300 euros demandés depuis plus d’un an, comme l’explique Paule Bensaid, infirmière dans un EPSM (Établissement public de santé mentale) de Lille. « On réclamait minimum 300 euros pour tous les agents. Là où je travaille, on n’a pas eu de masques avant le 30 avril. Alors le défilé des soignants, je pense que c’est du pipeau. » Quant aux personnels du privé, c’est une revalorisation de 160 euros net qui devrait être versée. Pour certaines professions, une révision des grilles de salaires, permettant « une majoration supplémentaire d’une moyenne de 35 euros net par mois » est également prévue. L’indignation se fait entendre aussi bien dans les rues que sur les réseaux sociaux. Djamel Rais, infirmier à Reims, écrit ainsi : « Traitres. Ils nous ont volé un combat. De quel droit ? J’espère que les deux derniers syndicats ne céderont pas. » Au cœur du projet, une vingtaine de mesures reparties sur trois axes de travail. Si le premier concerne la rémunération, les deux autres visent à « sécuriser les organisations et les environnements de travail » ainsi que « la mise en œuvre du protocole ».

Les soignants au dernier plan

L’épidémie a joué un rôle important et a permis de mettre en relief les problèmes que rencontre le personnel soignant, dont le manque d’effectifs et de moyens. « Ils veulent du chiffre, de l’activité, mais il n’y a toujours pas les effectifs suffisants dans les services », s’agace Elisabeth, manipulatrice radio au CHU de Lille. Selon elle, Jean Castex est un pionnier de « la destruction du service public ». Plus que la déception, c’est la colère qui résonne chez les manifestants. Des derniers mois difficiles, pour lesquels ils demandent réparation.

La colère ne retombe pas après le Ségur de la santé (manifestation du 16 juin).
© Marc Dubois
Lors de la manifestation du 16 juin, les personnels réclamaient plus de fonds pour l’hôpital public. Leurs revendications n’ont pas changé après le Ségur de la santé.
© Marc Dubois
Les soignants crient leur colère depuis des mois sans être entendus (manifestation du 16 juin).
© Marc Dubois