Tribune

Nous ne voulons plus d’effets d’annonce !

Publié le 5 novembre 2021 à 13:01

Alors que deux militants et un prêtre ont entamé une grève de la faim depuis le 11 octobre, l’association Human Rights Observers, qui documente le traitement des exilés à Calais, réclame toujours la fin du harcèlement et une vraie politique d’accueil. Malgré les annonces du gouvernement, jeudi 4 novembre, les associatifs et migrants ont dû s’interposer pour empêcher une nouvelle évacuation par les forces de l’ordre à Calais. Nous retranscrivons ci-dessous leurs réclamations à Emmanuel Macron.

« Cela fait 23 jours (en date du 2 novembre - ndlr) qu’Anaïs, Ludovic et Philippe sont en grève de la faim, ils mettent leur vie en danger et aucune réponse n’est apportée à leurs revendications : l’arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale et de la destruction des effets personnels. Le dialogue raisonné et citoyen demandé est toujours inexistant. Sans aucune discussion préalable avec les grévistes de la faim, les propositions du gouvernement ont été présentées sur les plateaux télé dès le 31 octobre. Le lendemain, premier jour de la trêve hivernale, six lieux de vie - soit plus de 1 000 personnes - ont été expulsés en toute illégalité et sans qu’aucun dispositif d’hébergement ne soit proposé. Ces annonces sont totalement déconnectées de la réalité. Elles ne changeront rien aux traitements inhumains et dégradants que subissent chaque jour les personnes exilées à Calais. Nous le savons, on voudrait vous faire croire que nous refusons le dialogue. Or celui-ci n’a jamais débuté. Nous ne refusons pas le dialogue mais nous ne négocierons pas des propositions infaisables, illégales et hypocrites. (…) Nous maintenons que la seule solution concrète pour empêcher les traitements inhumains et dégradants est l’arrêt des expulsions. Ceci permettrait un premier pas vers un retour à la légalité et la dignité et rendrait caduques les politiques de déplacement forcé. Cela fait cinq ans que cette politique “zéro point de fixation” est à l’œuvre à Calais, cinq ans que l’on voit les blessures que cette politique inflige aux corps et aux esprits des personnes exilées, cinq ans que, malgré cette politique, ces personnes sont à Calais. Nous, associations et grévistes de la faim, ne souhaitons pas que les personnes vivent dans les conditions indignes d’un campement et n’avons de cesse de demander une vraie politique d’accueil. La fin du harcèlement quotidien, et donc la fin des expulsions, est une condition indispensable pour permettre aux personnes de réfléchir sereinement à leur projet. Pourtant, le médiateur n’a fait aucun pas vers les grévistes. La discussion doit donc continuer avec ceux qui peuvent faire bouger les lignes. Monsieur le Président de la République, n’y a-t-il personne avec suffisamment de courage politique pour décider d’une pause de cinq mois dans les violations quotidiennes des droits fondamentaux dans notre pays ? »