- Où en est-on aujourd’hui de l’ERBM ? Nous sommes au milieu du guet. Après cinq ans d’attente et de structuration, nous entrevoyons les possibilités financières grâce à la venue du président de la République il y a trois mois. L’État a débloqué 100 millions d’euros et la Région a suivi. Soit 200 millions d’euros pour réhabiliter 35 cités minières, réaliser les travaux de voirie, réaménager les espaces publics et aborder la question des réseaux qui ont l’âge de leurs artères. L’ERBM concerne un territoire qui s’étend de Bruay-en-Artois jusque Raismes. Il s’agit d’un véritable plan Marshall pour le territoire minier au regard de ce que ses hommes et ses femmes ont donné par le passé. Tout l’enjeu est de s’assurer de dépasser les belles déclarations d’amour pour arriver aux preuves d’amour.
- Qu’a changé l’inscription du Bassin minier au patrimoine mondial de l’Unesco ? Il y avait un sentiment d’abandon fort ressenti par les habitants et marqué notamment par le recul des services publics et la fermeture d’un certain nombre d’industries ces dernières décennies. L’inscription à l’Unesco marque un véritable changement qui nécessite une longue maturation. J’ai le sentiment que nous n’étions pas totalement conscient de l’impact, du retentissement au niveau international. Le territoire a désormais la même valeur que le mont Saint-Michel ou les pyramides d’Égypte. Ce classement avait du mal à pénétrer les cités minières. Dix ans plus tard, on peut parler de fierté retrouvée pour ces histoires de la mine, pour ces coutumes mais aussi pour ce tonton ou ce papa qu’on a perdu au fond de la fosse ou qui est silicosé. Aujourd’hui, nous avons tout un travail à mener pour faire du Bassin minier une destination touristique, pour développer cette histoire collective en la faisant découvrir au reste du monde. On ne vit pas encore dans du beau. C’est là aussi tout l’enjeu de l’ERBM.
- Le projet de territoire de la Porte du Hainaut, lancé fin 2021, c’est une manière d’aller encore plus loin ? Ce projet est une stratégie d’évolution du territoire pour les 20 prochaines années. Il concerne 47 communes. Il est co-construit avec les territoires voisins, transfrontaliers, les services de l’État, différentes instances comme le parc naturel régional. Ce qui se dégage dans les stigmates portés par les habitants, ce sont les questions de santé, de vulnérabilité sociale et économique. L’évolution de notre territoire ne pourra pas ignorer les grandes questions qui nous sont posées aujourd’hui comme la transition écologique, la transition numérique ou encore la transition démographique. Il y a une vraie nécessité à penser son territoire à 20 ou 30 ans car à l’horizon d’un mandat, tout ce qu’on peut faire c’est une route ou une salle de sport. L’idée est qu’on en sorte résilient et ce, durablement.
Propos recueillis par Nadia DAKI