Dans la longue liste des nouveaux ministres égrenée par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, le 20 mai dernier, un nom a particulièrement retenu l’attention. Celui de Pap Ndiaye, qui hérite du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, laissé dans la tourmente par son prédécesseur Jean-Michel Blanquer. Disparition des filières au lycée, nouvelle réforme du brevet et du baccalauréat, Parcoursup, gestion de la pandémie… Les cinq années écoulées rue de Grenelle ont fait figure de grand chamboulement particulièrement mal vécu par les professeurs, les élèves et leurs parents. Les relations devenues tumultueuses préconisaient donc un changement de titulaire. Emmanuel Macron a fait le choix d’un virage à 180 degrés avec une personnalité diamétralement opposée. Une nomination qui arrive à temps pour accueillir la première phase des résultats de la plateforme Parcoursup, destinée à gérer les souhaits d’orientation des nouveaux bacheliers pour leurs études supérieures. Cette année encore, comme depuis quatre ans, il y a eu des satisfaits mais essentiellement de nombreux déçus. Les lycéens sont souvent perdus et se retrouvent à devoir gérer leur stress de l’avenir en plus d’une nouvelle réforme du baccalauréat dont ils paient les pots cassés. Désarçonnés par le procédé de sélection laissé au bon vouloir d’un algorithme dont on ne sait pas toujours bien comment il fonctionne, les lycéens ont souvent l’impression que leur avenir se joue au hasard lorsqu’ils comparent les résultats d’admission avec ceux de leurs camarades. Une inquiétude grandissante des élèves que le nouveau ministre va devoir prendre à bras le corps. Les professeurs eux, sont au bord de la rupture. En campagne pour les législatives dans la 4e circonscription du Loiret, Jean-Michel Blanquer s’est fait asperger de chantilly lors d’un tractage sur un marché de Montargis. Les deux protagonistes, deux professeurs expérimentés d’un collège REP (réseau d’éducation prioritaire), expliquent ce geste sur les réseaux sociaux en dénonçant « une Éducation nationale en chute libre ». « Nous sommes tendus. On n’est pas considéré. On attend plus de moyens, nos salaires ne sont pas revalorisés... Il faudrait un gros changement dans l’Éducation nationale » abonde Justine, institutrice dans une école de Saint-Quentin. Les attentes envers le nouvel arrivé sont donc fortes. « II ne peut pas faire pire que l’ancien ministre. On attend de Pap Ndiaye de la considération. Il faut qu’il revalorise le métier d’enseignant, pour donner l’envie à des jeunes d’enseigner. Cela évitera de mettre des contractuels », poursuit-elle. De leur côté, les organismes de parents d’élèves se mobilisent en multipliant les manifestations. La fracture était devenue totale avec l’ancien ministre. Une nouvelle dynamique doit donc s’organiser. Pap Ndiaye saura-t-il insuffler ce changement ou la logique entamée depuis 2017 continuera-t-elle sur sa lancée ?

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Un nouveau ministre à l’Éducation nationale
Pap Ndiaye, coup de poker pour la majorité
Publié le 9 juin 2022 à 23:40
Elle est peut-être là l’interrogation du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne. Pap Ndiaye est le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. La tâche s’annonce ardue pour le professeur de Sciences Po Paris, novice en politique, qui arrive dans une situation crispée.