Un millier devant le siège lillois de l’Agence régionale de santé puis dans le cortège lillois jusqu’à la préfecture, une centaine dans les autres villes de la région (Boulogne-sur-mer, Calais, Arras...). Les responsables syndicaux voient deux raisons essentielles à cette modeste participation : la communication a été beaucoup plus faible et tardive que pour le 16 juin (la première grande mobilisation depuis la fin du déconfinement) ; par ailleurs il y a l’effet vacances. « Si les hospitaliers veulent prendre deux semaines de vacances d’affilée, ils ont intérêt à ne pas les poser en pleine saison », observe Isabelle Bosseman (Smict CGT du CHU de Lille). Or, les vacances, après l’épisode douloureux de la Covid-19, les soignants en ont bien besoin.
Contre-expression à Paris le 14 juillet
Il n’empêche, les revendications sont plus que jamais d’actualité. D’abord, la CGT Nord organise un transport par bus pour se rendre à Paris le 14 juillet. Il n’est en effet pas question de dire Amen à un défilé sur les Champs-Élysées et à la remise de médailles promise par le gouvernement. « Une contre-expression des blouses blanches est indispensable ce jour-là », affirme la syndicaliste. « Nous ne voulons pas des médailles, nous voulons des sous » pouvait-on lire sur les affiches et pancartes des manifestants du 30 juin. Les primes de 1 500 euros ont certes été versées - et encore, par pour tous. À titre d’exemple, les salariés de l’Établissement public de santé mentale de l’agglomération Lilloise, à Saint-André-lez- Lille, en sont exclus. « Nous sommes tous agents de la fonction publique hospitalière », se défendent-ils en dénonçant une injustice et un manque de reconnaissance. Ils ont lancé un mot d’ordre de grève pour ce lundi 6 juillet.
Mais le fond du problème est bien plus crucial. Au début de l’épidémie et du confinement, le président Macron avait déclaré que la santé était au-dessus du marché. « Il s’agissait de s’assurer que les hospitaliers allaient satisfaire à leurs devoirs », soupçonne Isabelle Bosseman. Comme ses collègues, elle ne croit pas une seconde au Ségur de la santé qui s’achève ette semaine. « Nous n’obtiendrons pas en sept semaines ce que nous n’avons pas obtenu en dix ans », s’exclame-t-elle. Certes, la manifestation du 16 juin a contraint le gouvernement à négocier et à proposer une enveloppe financière de 6,5 milliards d’euros. Mais c’est trop peu au regard des besoins. Elle ne suffira même pas à financer la hausse salariale des 300 euros net par mois réclamée par les soignants et avec effet immédiat.
Sauf qu’il reste les points essentiels sur lesquels on attend les conclusions, ce vendredi, de Nicole Notat à l’issue du Ségur. Il y a d’abord la pénibilité des métiers qui, avec des salaires très inférieurs à ceux des pays voisins et de l’OCDE en général*, rendent l’hôpital public peu attractif. Infirmier(e)s et médecins peinent à postuler.« On a du mal à recruter et à remplacer » rappelle Isabelle Bosseman. Il faut augmenter les salaires de façon substantielle, revoir la grille, recruter pour régler le problèmes des horaires en surchauffe. Il faut aussi revaloriser le travail de nuit et le travail dominical. Il faut penser à la revalorisation des carrières.
Quid des promesses de mars ?
« La question des effectifs, c’est notre deuxième priorité, et elle n’est pas incluse dans l’enveloppe des 6,5 milliards d’euros. » Mais surtout, il faut absolument revoir la question du financement. « Même Agnès Buzyn avait admis que la Tarification à l’acte (TAA) n’est pas une solution et qu’il faut trouver un autre moyen de financement pour l’hôpital public. »Mais à ce jour, on parle toujours de productivité et d’endettement. À ce titre, les promesses faites début mars ne sont pas abordées.De la même façon, il faut traiter de la question des recettes en optant pour les cotisations sociales, c’est-à-dire en en mettant au dispositif d’exonération.