Depuis l’effroyable assassinat de Samuel Paty, mort sauvagement à la sortie de son collège pour avoir commis le seul crime de vouloir enseigner, de nombreux responsables politiques se livrent, en direct des plateaux de télévision, à des démonstrations de virilité et de courage contre l’islamisme politique. Dans un climat de suspicion généralisée, certaines voix gouvernementales se mêlent même à celles de l’extrême droite pour voir dans tous les musulmans des terroristes en puissance et affubler de l’étrange vocable d’islamo-gauchiste tous ceux qui se dressent contre cette conception à vomir. Dans un éloignement progressif des rives républicaines, 2022 ressemble ainsi de plus en plus à un boulevard pour Marine Le Pen et à une impasse pour les forces progressistes et démocratiques qui toutes additionnés culminent à 20 % tout mouillé. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt ! Trop longtemps, la question religieuse est restée tabou dans notre pays. De ce silence sont nées trop d’incompréhensions dans lesquelles s’engouffrent les fanatiques islamistes pour instaurer la peur dans les esprits, la violence dans la société et l’obscurantisme au pays des Lumières. Dans notre société fracturée, la laïcité navigue même sous pavillon de l’extrême droite et on imagine volontiers Jaurès se retourner dans sa tombe à la pensée de ceux qui la bafouent et oublient qu’elle garantit la neutralité de l’État face à la liberté de culte. Au fond, c’est quand la République recule que les islamistes avancent. Quel avenir pour notre jeunesse quand un million d’entre eux sont sans emploi ni formation ? Quel avenir pour les jeunes de nos quartiers populaires quand 40 % d’entre eux sont au chômage ? Et finalement quel avenir pour notre République quand la promesse d’égalité apparaît comme une fiction lointaine ? Le libéralisme économique a peu à peu dégradé l’école, mis à mal notre système de santé, fermé des commissariats, développé le chômage de masse et concentré les plus pauvres dans des enfers urbanistiques. Il nous a fait passer de la fracture sociale en 1995, au gouffre républicain en 2015, puis aux premiers attentats qui ont meurtri l’âme de notre pays par des enfants de notre République sombrant dans une idéologie fascisante, semant la mort et la terreur. Contre cette menace, qu’on ne s’y trompe pas, les musulmans de notre pays ne nous pardonneraient aucune compromission avec un islamisme politique qui doit être combattu de toutes nos forces. Contre cette menace, qu’on ne s’y trompe pas, l’extrême droite a tout intérêt, pour gagner le pouvoir, à voir les barbus triompher dans les quartiers, si bien qu’on aimerait faire revenir Cabu du ciel pour les dessiner main dans la main. Contre cette menace, qu’on ne s’y trompe pas, tous ceux qui, à gauche, voudraient importer dans notre pays les logiques américaines de revendications raciales constituent les deux faces d’une même pièce avec ceux qu’ils prétendent dénoncer. La République n’est pas un concept désincarné. Elle porte en elle le puissant message universel de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Elle a des valeurs et des visages : celui des enseignants, des pompiers, des agents de propreté, des policiers, des soignants ou encore des responsables associatifs. Elle est une belle endormie qu’il est temps de réveiller dans les quartiers pour vaincre les fanatiques et faire définitivement taire les porteurs de haine.
Somme Le boom des budgets citoyens et participatifs
