Exilés

Quelle bonne attitude pour mieux accueillir ?

par Philippe Allienne
Publié le 5 février 2021 à 11:31

Le positionnement politique de la maire de Calais, en harmonie avec la préfecture et le ministère de l’Intérieur, y est pour beaucoup dans l’état de misère des exilés. Quel devrait être le rôle de l’élu local ? Que peuvent faire les associations ?

Au vu des droits humains, les élus locaux devraient plutôt aider les candidats à l’exil durant leur passage dans leur ville. À Calais, après le démantèlement de la « jungle », les conditions de vie des migrants ne se sont pas améliorées, au contraire, et le durcissement de la politique locale et nationale gêne les associations dans leur mission de solidarité et d’assistance. Une réponse avait cependant été tentée à Grande-Synthe, lorsque le maire Damien Carême (EELV), avait travaillé avec Médecins sans frontières (MSF) et d’autres associations humanitaires pour construire des logements en dur. Cette initiative a souvent été prise en exemple et est restée sous le feu des projecteurs jusqu’à la destruction du camp.

Lire aussi : Durcissement de la politique contre les exilés depuis juillet.

Damien Carême a cependant dû tenir compte de trois limites :

  • Il lui fallait veiller à ne pas s’attirer l’hostilité de la préfecture.
  • Il lui fallait ne pas éveiller de réactions hostiles de la part des habitants, ses administrés.
  • Il lui fallait tenir compte de la réaction de la communauté urbaine de Dunkerque dont la ville avait reçu des aides. Durant le fonctionnement du camp en dur, le maire de Grande-Synthe a accepté qu’une association para-municipale dunkerquoise en prenne la gestion. Ce ne fut pas la meilleure décision. Un accord a été ensuite passé avec la préfecture pour réduire le camp. Ensuite, des passeurs ont pris le contrôle d’équipements comme la cuisine. Les choses ont fini par mal tourner avec l’incendie du camp qui n’a jamais été reconstruit.

Opter pour des structures de petite taille

Par la suite, après le départ de Damien Carême (devenu député européen) son successeur n’a pas montré la même volonté envers les exilés. Au contraire, dit un observateur, il s’est inscrit dans les pas de la préfecture, ne jugeant par exemple, et contrairement à son prédécesseur, pas utile d’ouvrir un gymnase par période de grand froid. Pour François Guennoc, de l’Auberge des migrants, on peut tirer une leçon de cette expérience. « Afin d’éviter le mélange des communautés, les conflits et la prise de contrôle par les passeurs, il faudrait opter pour l’installation de structures d’accueil de petite taille. » Encore faut-il pour cela une véritable volonté politique.