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Avortement interdit

Qui veille sur la balance bénéfices-risques ?

par Lydie LYMER
Publié le 1er juillet 2022 à 13:27

Avant l’adoption de la loi Veil, les femmes souhaitant interrompre leur grossesse avaient recours à la prise de médicaments toxiques, aux traumatismes abdominaux ou à l’introduction intra-vaginale d’objets pointus et acérés responsables de perforations utérines, intestinales, ou d’infections parfois fatales. Le passage d’un acte artisanal à un acte pratiqué en milieu médical par un professionnel qualifié a réduit de façon significative les risques infectieux et hémorragiques ainsi que la mortalité. Il est établi que les avortements clandestins sont plus fréquents dans les pays où la pratique est interdite ou punie par la loi. L’Organisation mondiale de la santé estime que les avortements clandestins représentent 49 % des avortements dans le monde. En 2018, les avortements clandestins étaient responsables de près de 30 % des décès maternels en Afrique, particulièrement au Congo où la mortalité maternelle s’élevait à déjà 426 cas pour 100 000 naissances vivantes. Les femmes ont recours à l’automédication favorisée par la vente illicite de substances médicamenteuses dites « médicaments de rue » qui devient un procédé courant à des fins abortives. Ces produits représentent eux-mêmes un danger par leurs effets néfastes sur le cœur, les reins, le foie. 47 000 femmes meurent chaque année dans le monde des suites d’un avortement clandestin, soit une toutes les neuf minutes. La légalisation de l’avortement en France en 1975 a permis de diminuer de moitié la mortalité maternelle entre 1972 et 1977.

Témoignage J’ai eu recours une fois à l’IVG. Un oubli de pilule, je ne pensais pas que ça m’arriverait, à 45 ans. J’ai revu récemment mon gynécologue pour une visite de routine. Il m’a mise en garde parce que mon stérilet est « passé de date ». Je lui ai dit « bof, à 50 ans, je ne risque plus grand-chose… ». Il m’a répondu : « Détrompez-vous ! Surtout avec votre constitution. J’ai déjà avorté plusieurs femmes de 48 ans. » Alors j’ai répondu que oui, j’allais faire gaffe parce que j’y étais déjà passée une fois et que je n’avais pas du tout l’intention de recommencer. Il a compati : « Je vous comprends. Demandez à une femme de 90 ans ce qu’elle a fait de plus terrible dans sa vie, et celle qui a avorté vous répondra que c’est cet acte.  »
Jeanne