De nombreuses rencontres avaient été programmées mais, en raison de la crise sanitaire, les discussions se sont ralenties, rendant la situation encore plus complexe qu’elle ne l’est quant à cette élection. Le tout est de savoir comment la gauche et les Verts vont s’organiser. Le pire scénario serait sans doute la présentation de quatre listes (PS, PCF, FI, EELV) qui auraient chacune peu de chance de passer la barre des 10 %. En 2015, la liste emmenée par le socialiste Pierre de Saintignon avait décidé de se retirer, ouvrant la voie à un duel entre la candidate frontiste Marine Le Pen et le Républicain Xavier Bertrand. C’est bien ce duel que la gauche souhaite éviter l’an prochain.
Le danger des divergences à gauche
Autre raison du retard pris dans les réunions, le président Macron avait un moment souhaité reporter le scrutin à l’après- présidentielle 2022. Il ne souhaitait pas que le gouvernement distribue les 600 milliards d’euros d’aide à l’économie en la faisant transiter par des présidents ou candidats en campagne, voire candidats à la présidentielle. Il avait donc voulu privilégier la relance économique. Les organisations politiques, départementales et régionales se sont unanimement opposées à cette idée de report. Le Premier ministre Jean Castex a d’ailleurs, peu après sa nomination, déclaré que cela n’était plus d’actualité. Une rumeur subsiste quand même sur une élection en décembre 2021 plutôt qu’en mars. Elle n’est pas confirmée. Autre détail dont il faut tenir compte : les élections régionales se dérouleront le même jour que les élections départementales.
Quoi qu’il en soit, avant le confinement, le comité régional des Hauts-de-France du PCF (réunissant les cinq fédérations communistes) avait tenu une réunion hebdomadaire en présence du secrétaire national Fabien Roussel pour réfléchir à la stratégie. Ces réunions se poursuivent. Les chefs de file départementaux et un chef de file régional pourraient être connus le 26 septembre à l’issue d’une conférence régionale. Fabien Roussel appelle de ses vœux au rassemblement. Historiquement, le PCF et le PS partent ensemble. Reste à voir comment les discussions vont évoluer et quels sont les obstacles au rassemblement. Il faut aussi tenir compte de la présence de LFI qui pourrait bien négocier son soutien. Il importe enfin de considérer que, côté élections départementales, le Nord et l’Aisne sont à reconquérir.
Mais les véritables enjeux portent sur le fond, c’est-à-dire sur les dossiers régionaux. La crise sanitaire pourrait en effet accélérer la désindustrialisation de la région. De nombreuses usines risquent de fermer définitivement. Si Arc, dans le Pas-de-Calais, a été sauvée in extremis, de lourdes craintes pèsent sur Bridgestone à Béthune et sur la sidérurgie à Isbergues. À Calais, le trafic portuaire s’effondre. La compagnie maritime DFDS vient d’ailleurs d’annoncer son départ.Pour les communistes, il importe donc de placer la campagne des régionales sous le signe de l’urgence économique et sociale. D’autant qu’un autre dossier pose problème : celui de l’ouverture à la concurrence des lignes ferroviaires défendue par l’actuelle majorité régionale. Les appels d’offres sont partis pour l’étoile ferroviaire d’Amiens, la ligne Paris- Beauvais et l’étoile ferroviaire de Saint-Pol-sur-Ternoise (le marché le plus juteux qui ne manquera pas d’être convoité par le secteur privé). Ces trois marchés représentent 25 % du trafic ferroviaire des Hauts-de-France.