© Marc Dubois
31 janvier

Rester très unis pour forcer le gouvernement à perdre son mépris

par Philippe Allienne
Publié le 27 janvier 2023 à 14:35

Le 19 janvier a vu le réel lancement de la bataille pour les retraites. Il reste pour les syndicats et les organisations politiques à transformer l’essai. Le rendez-vous de ce mardi 31 janvier est bien sûr primordial. Mais pas que.

Fabien Roussel l’a annoncé en début de semaine : les groupes de gauche et écologistes, à l’Assemblée nationale, ont déposé une motion référendaire pour que les Françaises et les Français puissent s’exprimer sur le projet de réforme de nos retraites. « Dès le 6 février, a-t-il dit, jour d’ouverture du débat sur les retraites à l’Assemblée nationale, nous demanderons aux députés de redonner la parole au peuple ». Un référendum demande environ six mois de débats qui pourraient être menés partout, dans les usines, les universités, etc. « J’avais déjà fait cette proposition à l’université d’été du PCF en août dernier. Elle avait été portée par le député communiste Sébastien Jumel à l’Assemblée nationale. » Si le président Macron était forcé d’accepter cette idée de « votation », le rapport de force pourrait considérablement changer. Peut-être même pourrions-nous parler d’une sortie par le haut d’une confrontation qui devient incompréhensible. En affirmant qu’il ne reculerait pas sur l’âge de départ, et en laissant le ministre Franck Riester avouer que les femmes seront « un peu pénalisées » (même si la Première ministre a ensuite tenté d’éteindre l’incendie), le gouvernement a de plus en plus de mal à expliquer sa réforme et à maintenir qu’elle est juste. D’autant que le front syndical demeure uni. Ajoutons à cela que même la majorité présidentielle n’apparaît pas aussi unie que cela sur le texte qui vient d’être présenté au conseil des ministres, et en sachant que chez LR et au Modem l’unanimité n’est guère plus de mise, le gouvernement aurait intérêt à s’en sortir par le haut. La voie référendaire pourrait être une solution. La question des femmes, qui seraient pénalisées avec sept mois de durée de cotisation en plus, au lieu de cinq mois pour les hommes et alors que leurs pensions sont inférieures de 40 % par rapport à celles ces hommes, pourrait peser lourd dans la balance. Celle des seniors et de l’index proposé par le gouvernement, semble une « tartufferie » puisqu’il faudrait un décret et une négociation avec le Medef. Là encore, le cas des seniors n’arrange pas l’argumentation gouvernementale. Quant aux prétendues avancées sur la question de la pénibilité (avec un médecin qui déterminerait les critères de pénibilité pour les salariés à partir de 45 ans), elles semblent d’autant moins crédibles que la France manque de médecins. Il est un autre motif d’optimisme pour contrer le projet de réforme : la pétition lancée par les syndicats qui, ce jeudi 26 janvier, recueillait 783 115 signatures. Enfin, pour la mobilisation du 31 janvier, il faudra tenir compte de tous ces maires qui, par mesure de solidarité et pour permettre aux agents municipaux de se joindre aux cortèges, sans perte de salaire, vont fermer leur mairie et placeront une banderole sur le fronton. « Que l’on soit très unis pour forcer le gouvernement à se montrer moins méprisant », espère le secrétaire national du PCF.