Point de vue

Se rassembler pour une riposte populaire

par JEAN-PIERRE TONDER
Publié le 26 juin 2020 à 16:23

Ils ne désarment jamais et poursuivent leurs « revanches de classe » : revenir sur les « conquis sociaux » gagnés par les salariés et leur imposer de nouvelles lois à l’heure de la globalisation capitaliste. Sous prétexte de relancer l’économie ils veulent « lever les obstacles » : les 35 h, les congés payés, les RTT, etc. Ils entravent les inspecteurs du travail dans leur rôle de contrôle sur les lieux de production des richesses et « criminalisent » ceux qui se dressent devant eux : les syndicalistes (et particulièrement la CGT) mais aussi les défenseurs de l’environnement et les lanceurs d’alertes, utilisant pressions et procédures judiciaires. La ministre de la Justice se « pourvoit en cassation » contre Cédric Herrou le défenseur des solidarités envers les migrants après deux jugements en sa faveur. Durant la pandémie, ils n’ont que « suspendu » la mise en œuvre de la réforme du chômage comme celle des retraites. Déjà des voix expriment leurs choix de revenir au « temps d’avant », celui du détricotage des avancées de 1936, de 1968 et du Programme du Conseil national de la Résistance. Pour brouiller les esprits, ils osent même détourner des mots porteurs de sens tels « les jours heureux ». Rien n’est laissé de côté pour accomplir leurs funestes ambitions. Alors que le droit de manifester est toujours interdit, ils déconfinent l’activité économique. Des milliards « sortis du chapeau » sont distribués à tout va, des emprunts qui engraisseront les banques privées et les marchés financiers, des « dettes(?) » à faire payer aux seuls citoyens. Le président des riches protège son monde, celui de la finance, les siens. Pour eux les cadeaux et surtout pas de retour à l’impôt sur la fortune (ISF) ni de contrôle des fonds publics (CICE) qu’ils ont touchés. Ces milliards annoncés démontrent « leur choix de société » alors que les hôpitaux ont besoin de moyens pour faire face à leurs missions de services publics (progression du nombre de lits et non leur fermeture, embauches de soignants, augmentation des salaires, etc.). Après les propos de Macron et des ministres à ses ordres, « héroïsant » les salariés présents sur le front, l’heure est revenue pour eux de ne « rien lâcher » voire à poursuivre la casse du modèle social français reconnu et envié dans le monde entier. Leur « Ségur de la santé » avec comme pilote l’ancienne dirigeante de la CFDT, est une opération d’enfumage contre les revendications légitimes des soignants. Ailleurs le chantage est même utilisé. « Travaillez davantage, baissez votre salaire ou bien vous serez licencié... » La politique de la peur, de l’intimidation, une honte, une provocation ! Les belles paroles de nos gouvernants au sujet « du monde d’après » font davantage penser au « monde d’avant »... d’avant le Front Populaire et des grèves générales de mai et juin 68 qui débouchèrent sur la hausse du Smic de 35 %, favorisant ainsi la consommation, la production, donc l’emploi. L’indécence ne leur fait pas peur, comme les propos de Muriel Pénicaud, ministre du Travail invitant les Français à utiliser leur faible épargne pour relancer l’économie, préférant ainsi cacher les milliards à récupérer sur l’évasion fiscale, les super dividendes et les retraites chapeaux. La guerre aux pauvres est engagée. Les mobilisations qui s’opèrent, les colères qui s’expriment portent les germes d’une toute autre société. Plus humaine et solidaire, plus fraternelle et généreuse, plus égalitaire et respectueuse des droits et libertés. La jeunesse y prend toute sa place, à l’image des mobilisations importantes contre tous les racismes et les violences policières. Contre cette utilisation de la force expliquée par Didier Lallement, préfet de police de Paris, par ces mots : « Nous ne sommes pas dans le même camp. »Oui, c’est vrai ! Nous, nous sommes du côté d’une République qui protège et garantit les droits de tous et qui donne à chacun les moyens de « vivre dignement ». La « frontière de classe » apparaît au grand jour dans les mots des « Lallement/Castaner/Macron ».Il appartient aux citoyens de poursuivre leur mobilisation et de monter d’un cran le niveau de la riposte en se rassemblant, sans esprit partisan, largement et sur l’essentiel, car ils ont décidé d’aller plus loin dans leur guerre menée contre le monde du travail, le progrès social, les libertés et la démocratie. En 1943, en période de guerre, Aragon écrivait dans« La Rose et le Réséda » :

Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat.

Paroles toujours d’actualité.