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RSA conditionné, chômage, logement…

Serge Havet, toujours au front

Publié le 13 janvier 2023 à 15:35

Pour le président de l’association AC ! (Agir contre le chômage !), les multiples réformes qui s’annoncent sont comme des coups de massue. À 73 ans, il invite, encore et toujours, à la mobilisation.

  • Que pensez-vous des réformes actuelles ? En ce moment, on est assommé de décisions complètement dramatiques. C’est une catastrophe. On a un président qui a dit un jour qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail. Je veux bien l’emmener avec moi pour lui montrer la réalité. Il n’a jamais travaillé de sa vie. Si Pôle emploi a du boulot à donner à tout le monde, qu’il le fasse. Ils nous pondent des discours sur le « savoir-être », sur le « savoir-paraître ». Ils n’ont aucune limite à restreindre les droits des plus pauvres. Aujourd’hui, les pauvres sont accablés de toute part, ils vivent au jour le jour. Il n’y a plus de sortie du tunnel. Avant, on pouvait dire que le frigo claquait du bec vers le 15 du mois, désormais c’est autour du 10 voire du 5. 
  • RSA, chômage, vers quoi allons-nous ? Nous sommes résolument contre ces réformes et la mobilisation de l’ensemble des organisations syndicales est rassurante. Nous préparons actuellement la réunion nationale prévue ce samedi à Paris. Nous sommes déterminés à combattre cette politique. La réforme du RSA, ce n’est rien d’autre que du bénévolat forcé. Depuis 1995 que je suis à AC !, j’ai vu la précarité grandir avec toutes les suspensions de droits. Tout augmente sauf les revenus. Tous les minima sociaux sont en dessous du seuil de pauvreté. On demande un minima social à 1 000 euros et une augmentation des salaires avec réduction du temps de travail de manière à ce que tout le monde puisse vivre dignement. L’État ne respecte pas les droits fondamentaux et notamment les articles 23 et 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipulent que toute personne a le droit à un moyen convenable d’existence en matière de santé, de logement et d’emploi. 
  • Qu’est-ce qui a changé depuis 1995 ? C’est de pire en pire. On est en train de se demander jusqu’où ça va aller. Les gens font de plus en plus attention. Ce n’est pas normal, par exemple, qu’il y ait une inflation sur les produits de première nécessité. D’ailleurs, on demande la suppression de la TVA sur ces produits. De la même manière, on réclame une gelée des prix des loyers. La loi sur le logement votée récemment est un scandale. Les procédures d’expulsion vont exploser et devenir expéditives tout cela, sous prétexte de lutter contre les squats. En réalité, ce sont des familles, précaires, qui voient leurs recours diminuer drastiquement. La période qui arrive, février-mars, va être catastrophique avec les premières factures d’électricité qui vont tomber et la fin de la trêve hivernale. 
  • Y a-t-il encore de l’espoir ? Oui, toujours ! Je me bats depuis plus de 25 ans, j’en ai vu passer. Cela dit, c’est plus dur qu’avant de mobiliser les gens. Ils sont pris dans leur quotidien ou plutôt dans la lutte au quotidien. Les faire venir pour des manifestations ou blocages, c’est délicat. En faisant cela, ils ont moins de temps pour chercher des moyens de subsistance. Il faudrait pouvoir leur garantir une victoire. Mais on reste optimiste et toutes les associations et syndicats sont prêts à agir.
Propos recueillis par Nadia DAKI