© Jacques Kmieciak
Centre de gestion du Pas-de-Calais

Serge Janquin et Bernard Cailliau condamnés

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 10 février 2022 à 22:42 Mise à jour le 9 février 2022

La condamnation de deux ex-militants du PS bruaysien fait réagir des syndicalistes de la CGT et de SUD. Et… les choux gras du Rassemblement national.

L’ancien homme fort de la Fédération du Pas-de-Calais du PS, Serge Janquin, 78 ans, a été condamné à cinq mois de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité. La Justice lui reproche d’avoir utilisé un véhicule du centre de gestion du Pas-de-Calais (CDG) qu’il a présidé jusqu’en 2014, pour ses déplacements comme député à l’Assemblée nationale de 2011 à… 2017 ! Le préjudice pour le CDG a été estimé à 75 000 euros. Serge Janquin avait aussi eu recours à un agent du CDG pour réaliser la maquette du magazine de Labuissière dont il était maire. Quant à Bernard Cailliau (ex-PS), il a été condamné à une peine de 4 000 euros d’amende et à un an inéligibilité. Sa faute ? Ne pas avoir mis fin à cette pratique lorsqu’il a succédé à Serge Janquin à la tête du CDG et de Labuissière en 2014. L’utilisation pour les besoins d’autres mandats « des moyens du CDG, qui reposent sur les cotisations des collectivités adhérentes, n’est pas acceptable », estime Hervé Merlin, retraité de la fonction publique territoriale (CGT). Avec le cumul des mandats, d’aucuns ont « du mal à éviter le mélange des genres ». Un avis partagé par Gilles Rembotte. Le dirigeant de SUD Collectivités territoriales du Pas-de-Calais fait remarquer qu’il est « plutôt rare que des élus soient condamnés. Pourtant, depuis les premières lois (1982-1983) chères à Gaston Defferre, la décentralisation girondine a donné un pouvoir exorbitant aux autorités locales devenues de véritables féodalités. Une opacité légalement organisée accompagne leur fonctionnement pour mieux leur assurer l’impunité ». « Parce qu’ils élaborent les lois, les élus doivent être les premiers à les respecter », poursuit Gilles Rembotte en rappelant toutefois qu’ici, « il n’y a pas eu d’enrichissement personnel ». « Les socialistes du Bruaysis s’estimaient éternels et se croyaient donc intouchables », déplore cependant Hervé Merlin. Encore une fois, d’une telle affaire, c’est l’extrême droite qui tirera les marrons du feu.