Julien Quennesson, maire de Somain

Service très volontaire

par Philippe Allienne
Publié le 20 novembre 2020 à 11:41

C’était l’une des bonnes nouvelles au soir du 28 juin 2020 : la ville de Somain demeure le gros bastion du Douaisis administré par un maire communiste. La liste d’union (PCF-PS-société civile) menée par Julien Quennesson est parvenue en tête. Mais pour la majorité municipale, le travail et les enjeux sont immenses.

Avec 48,54 % des suffrages exprimés, la liste « Ensemble, Unis pour Somain » l’a emporté largement. Mais en entamant son second mandat, Julien Quennesson en a bien conscience : sa commune est au cœur d’un bassin (ex-bassin minier) qui subit une crise sociale sans précédent. De 2015 à 2020, le taux de chômage a pourtant reculé de 13,6 % à 11 %. Il atteignait 11,80 % il y a un an. Avec le logement, l’emploi demeure bien sûr la préoccupation principale des Somainois et une priorité pour la ville. Pour l’habitat, la commune compte sept bailleurs sociaux, dont l’historique Société immobilière des chemins de fer (SICF), pour la cité des cheminots, et la non moins historique Maisons & Cités Soginorpa pour l’habitat minier. La municipalité travaille avec cette dernière sur la rénovation d’une cité. « Nous savons faire avancer les choses avec eux », commente Julien Quennesson.

La ville a perdu 50 000 euros de dotations

Sur la question de l’emploi, le maire et son équipe savent, au niveau de leur compétence, accompagner et soutenir le monde entrepreneurial. « Les collectivités locales sont les premiers employeurs du secteur du bâtiment et des travaux publics », souligne-t-il encore. L’exercice s’avère d’autant plus compliqué en période de crise.« La politique, c’est s’occuper de sa cité, rappelle l’élu. C’est l’union dans l’action au service de la population. » Sauf qu’un maire peut se sentir souvent bien seul face à un État qui s’attaque à la fonction publique et au service public (fermeture des bureaux de poste, des trésoreries, casse des transports publics, etc.), au modèle français de logement social (avec la loi Elan et la réforme des APL), à la Sécurité sociale, au Code du travail, etc. « Le gouvernement annonce des milliards d’euros pour le plan de relance. Sur le terrain, la ville de Somain a perdu 50 000 euros de dotations publiques. Il est terrible d’entendre le président de la République demander le soutien des élus locaux. »

Pour le maire, qui dénonce une politique de communication gouvernementale, « la crise sanitaire ne fait que révéler les réalités d’une crise économique et sociale profonde et durable, avec les fossés qu’elle creuse. Et pour une mairie de gauche, progressiste, communiste, la crise est subie plus durement en raison des politiques sociales portées par nos idées. » Une politique sociale comme veut la promouvoir Julien Quennesson et son équipe, ne se met pas en place « en claquant des doigts. Cela prend des années ». Alors, la municipalité s’est retroussé les manches dès 2015. Aujourd’hui, la crise sanitaire a entraîné un décalage de six mois pour la mise en œuvre du programme développé durant la campagne des municipales. « Ce que je veux, c’est d’abord le bien-être des habitants, c’est favoriser le vivre ensemble » aime-t-il répéter.

Favoriser le vivre ensemble

Parmi les gros dossiers sur lesquels planche la municipalité : la création d’un espace d’insertion sociale et professionnelle, un projet cœur de ville, le développement de déplacements doux qui tient compte des contraintes urbaines de la ville. L’État, la Région et le Département du Nord y apportent leur soutien. Concernant les transports en commun, celui qui est aussi vice-président du Syndicat mixte des transports du Douaisis (SMTD), l’autorité organisatrice de la mobilité durable sur 55 communes du territoire, défend notamment un maillage interurbain, faute de quoi la voiture individuelle continuera à prédominer. « Pour l’Insee, Somain fait partie de l’arrondissement de Valenciennes. Pour l’État, nous faisons partie de celui de Douai », glisse-t-il malicieusement.

Somain est aussi la ville de la gare de triage qui a perdu 40 dessertes ferroviaires, pas moins ! Encore un abandon de l’État. C’est tout autant vrai pour le fret ferroviaire que le gouvernement, par la bouche de son Premier ministre, souhaite relancer. Quelle place serait alors accordée à la commune du Nord ? « J’interpelle très régulièrement les autorités compétentes », affirme Julien Quennesson en rappelant que sur le triage ne subsistent qu’une cinquantaine de personnes, au lieu de milliers auparavant. « J’ai régulièrement les syndicats et les ministres au téléphone. Somain est une plaque tournante Nord/Sud/Est/Ouest. Les Chinois s’y sont intéressés pour leur nouvelle route de la soie. Mais nous n’avons plus de nouvelles. »Sur le dossier de la gare de triage et du fret, le maire de Somain peut compter sur les parlementaires communistes comme la sénatrice Michelle Gréaume et le député Alain Bruneel. Dernièrement, ce dernier a été reçu au ministère des Transports et en est revenu avec le sentiment qu’il existe « une volonté politique de replacer le fret ferroviaire à un niveau d’activité efficace, avec de l’argent mis sur la table ». C’est plutôt rassurant, d’autant que le gouvernement entend « revenir au wagon isolé dont l’abandon a fait le malheur du triage de Somain qui était spécialisé dans ce domaine. »

Reste à savoir si la gare de Somain fait partie du plan que veut mettre en œuvre le gouvernement.L’esprit occupé par tous ces dossiers, le maire ne perd pas de vue qu’il a refermé son précédent mandat et qu’il ouvre celui-ci sur fond de crise sanitaire. Et là encore, il faut être sur tous les fronts. « Le maire est en première ligne devant la population, mais il doit gérer les effets d’une politique gouvernementale qui comporte une bonne dose d’incohérences. »Il faut faire avec. Et l’équipe municipale fait face et essaie de « parer en lieu et place de l’État ». Des distributions de masques, gratuits, ont été faites en direction du centre hospitalier, de la police, des pompiers, des écoles et de la population. Le stock est renouvelé régulièrement. Dernièrement, il a fallu répondre aux inquiétudes des commerçants confrontés au confinement et à la fermeture des boutiques. 93 000 euros d’aides indirectes leur ont été débloquées, dont l’exonération de la taxe locale sur la publicité extérieure (TLPE), la prise en charge à 100 % d’un service de click & collect [1], un chèque cadeau d’une valeur de cinq euros distribué dans chaque boîte aux lettres des Somainois. L’action du maire de Somain a également permis à la communauté de communes, dont il est conseiller, de bouger en faveur des commerçants.

En première ligne

« Je suis par nature optimiste », dit celui qui a laissé tomber son métier d’aide- soignant dès le début de son premier mandat afin d’être pleinement disponible à sa mission élective. Mais outre l’optimisme, il faut aussi des épaules solides. Derrière la gestion de la crise sanitaire, il y a l’économie qu’il ne faut pas perdre de vue. Et politiquement, il importe de garder en tête que le climat n’est pas au beau fixe quand, pour la première fois en juin dernier, le Rassemblement national a réalisé un score de plus de 16 %. « En face, nous devons choisir l’union. » Enfin, il importe d’être toujours plus proche des habitants. « Presque tout le monde possède un smartphone. Nous en tirons les conclusions et adaptons notre communication avec les Somainois en mettant en place des outils et plateformes numériques. » L’un des plus jeunes maires de France (35 ans), Julien Quennesson ne craint aucun challenge et n’entend manquer aucun rendez-vous avec celles et ceux auxquels il s’est mis au service très volontaire.

Notes :

[1Retrait en magasin