Émeric Marotte Face aux problèmes des jeunes, nous sommes seuls
Professeur de sciences de la vie et de la terre (SVT) au lycée Picasso d’Avion, Émeric Marotte explique la difficulté des enseignants face au questionnement des jeunes élèves en souffrance. « Je reçois parfois des textos de jeunes qui disent leur désespoir et leur envie de mourir. » C’est le cas par exemple pour celles et ceux qui ne sentent pas à l’aise dans leur sexualité et/ou dans leur genre. « J’aimerais informer les professionnels de santé, mais ils ne sont pas là ! Par ailleurs, de la sixième à la terminale, trois séances d’éducation sexuelle et affective sont prévues. Cette obligation n’est pas respectée. » Sur l’identité de genre, on peut toujours parler d’égalité ou la rechercher. En fait, explique ce professeur, c’est le flou entre ce que dit la loi et ce que vit le jeune. Exemple : si un élève confie à son enseignant qu’il souhaite changer de prénom, le prof peut lui expliquer que c’est possible. Mais si les parents ne sont pas au courant, l’élève ne souhaite pas qu’on leur en parle. Pourtant, ils sont mineurs. L’enseignant doit donc informer les parents. Mais dans les faits, la réalité pourra l’en empêcher.
Isabelle Boullery Un enjeu sociétal pour demain Responsable de l’association des femmes ingénieures, Isabelle Boullery souligne que les filles ont de meilleurs résultats au bac que les garçons. « C’est vrai dans toutes les filières et elles obtiennent de meilleurs mentions. Mais après le bac, elles ne sont que 30 % à se diriger vers les matières scientifiques et techniques. » Elles choisissent plutôt les métiers de la santé, les langues, les lettres ou l’économie. Depuis 2010, on constate que la proportion de filles dans les écoles d’ingénieurs stagne à 28 %. On les retrouvera en revanche dans la chimie ou les sciences du vivant (agronomie, biologie, écologie, environnement). Leur présence régresse dans les formations associées à l’informatique et à l’aéronautique. Pour Isabelle Boullery, « il y a là un vrai enjeu sociétal pour le monde de demain ».