La SNCF est une vieille dame, dont le Front Populaire et la Libération avaient fait notre bien commun et l’un des fleurons de la République. Les temps ont bien changé. Aujourd’hui, l’usager devenu client est souvent traité avec désinvolture. Même les élus de la République n’y échappent pas. C’est ainsi que Roger Vicot, maire de Lomme, fort du soutien de la quasi-totalité du conseil communal, avait protesté auprès de la direction régionale de la SNCF contre la suppression de la boutique « gare de Lomme ». Il invoquait quelques motifs aussi incontestables que les besoins de la population, le maintien d’emplois ou la fracture numérique. Le destinataire n’a pas daigné répondre lui-même, son strapontin étant sans doute situé au-dessus des représentants du peuple. Il a peut-être bien fait, sinon nous n’aurions pas pu lire un véritable morceau d’anthologie. Les poncifs larmoyants s’y succèdent, en appelant à l’histoire locale et invoquant une « dynamique de proximité » favorisant bien sûr « le lien social ». L’émotion est à son comble quand l’auteure ose évoquer la « crise sanitaire » en guise de justification. Personne ne lui a dit, sans doute, que ce projet de suppression date, au moins, de 2017. Qu’on se rassure, finalement cette personne « partage l’analyse » du maire de Lomme, mais c’est pour lui proposer de « définir ensemble » de « nouvelles solutions de mobilité via des acteurs locaux déjà implantés ». Autrement dit, la commune est invitée à participer à la privatisation du service public. Quant au bâtiment, la SNCF ne perd pas l’espoir d’en tirer un peu d’argent et propose son « expertise » pour y faire un tas de choses, c’est-à-dire n’importe quoi pourvu qu’on l’en débarrasse. En résumé, dit-elle, on comprend bien que cette restriction de service ne vous convienne pas, mais on ne change rien et on compte sur vous pour gérer les dégâts. En République, les usagers ont des droits, les élus en ont la garde. En Macronie, la grande valeur morale, c’est le profit. Le client paie et doit savoir que s’il n’est pas satisfait, c’est qu’il n’a pas assez payé.
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