Confinement

Témoignages de vies confinées

Publié le 13 avril 2020 à 10:10

Comme depuis le début de l’épidémie de Covid-19, nous vous laissons la parole. Après avoir remercié et fait part de leur solidarité envers les soignants et travailleurs mobilisés pendant cette crise, certains lecteurs ont aussi souhaité témoigner de leur quotidien pendant le confinement. Nous leur laissons donc la parole ici.

Le retour des frontières

Ce matin, petit tour à pied avec Mamie Lu, munis de nos « ausweis » [carte d’identité, NDLR], du côté de la rue du Dronckaert... Dans les limites réglementaires d’un kilomètre et une heure. Nous avons la chance de pouvoir prendre l’air, en faisant attention, bien évidemment. Ben, ça fait tout drôle de voir la frontière fermée comme ça. Même au moment des attentats, cela n’était pas arrivé. Il y avait la police et les militaires mas ça circulait.

Alors que là !

Comme si on nous empêchait d’aller à Tourcoing ou à Roncq, comme si mon copain qui habite le 13ème à Paris ne pouvait plus aller dans le 12ème. Jamais connu cela, et on se serait bien gardé de transgresser, faut pas rigoler avec la police flamande, surtout, et avec les recommandations. Je n’ai rien à dire sur la nécessité ou le bien-fondé de la mesure, je comprends, mais ça fait bizarre lorsqu’on a toujours connu et fréquenté l’autre côté, wallon ou flamand, sans restrictions de circulation, comme si on était chez nous.

Voilà, c’est cela aussi le coronamachin.

Jean-Michel DUBOIS

© Jean-Michel Dubois
Liberté côté imprimerie

Le confinement dans la confiance

Nos lectrices et lecteurs nous adressent de nombreux mots gentils pour saluer la sortie du journal dans un contexte aussi difficile. Un journal, c’est toute une chaîne avec plusieurs équipes : le service commercial et administratif, la rédaction, l’imprimerie, la livraison et la distribution. Si un maillon casse, c’est toute la chaîne qui s’enraye.

L’un de ces maillons indispensables est notre imprimeur, l’Imprimerie de l’Avesnois.

Quand on l’interroge sur les conditions de travail en cette période de confinement, son directeur, Olivier Roy, loue d’abord les bienfaits et avantages du numérique. Cela n’empêche pas les précautions qui s’imposent à tous. « Les gestes barrières, c’est naturel. Je n’ai pas de difficultés pour les faire respecter. Les salariés travaillent à un à trois mètres l’un de l’autre. Même chose pour les pauses café ou le réfectoire où ils ne peuvent être plus de deux à la fois et en respectant les distances.  »

Tout est basé sur la confiance. Quand on est dans l’entreprise, on ne sort pas. Reste aux employés à respecter les règles durant le week-end et les jours de repos. « Lorsqu’ils reprennent le travail, en début de semaine, je demande à chacun ce qu’il a fait durant le week-end. Ils me racontent leur vie de confiné, ils se consacrent à leur jardin, etc. Ils savent ce qu’ils ont fait, et je n’ai pas de raison de ne pas les croire. Dans les deux premiers jours de confinement, il y a eu un sentiment de crainte. La sérénité est très vite revenue. »

© Diaphana Films

L’effet Azur

Le confinement, je commence à en avoir marre... Je sais, je ne suis pas la seule et cela ne me rassure pas du tout. Je ne veux pas tout lui mettre sur le dos, mais... le président Macron !

Ça me rappelle le film d’animation de Michel Ocelot que regardaient les enfants quand ils étaient petits, Azur et Asmar. Le petit blond aux yeux bleus, Azur, devait fermer les yeux pour ne pas attirer le malheur... Depuis le début du quinquennat, ça n’arrête pas. Un an de Gilets jaunes, Macron a réussi à mettre son peuple en colère en quelques mois, 18 seulement, après sa prise de fonction. Grève des urgentistes, des médecins, des infirmières, des avocats, des étudiants, des retraités, etc. etc. Autant d’événements qui ne touchaient que la France.

Mais l’effet des yeux Azur passe au niveau supérieur... catastrophe mondiale. Le pompon... Épidémie de Covid-19... et la France, sixième puissance économique mondiale, n’est pas prête pour affronter la situation. Obligée de faire appel au bon vouloir des uns et des autres, pour des masques, blouses, gants, respiratoires, gel, personnels etc. etc. Darmanin qui fait appel aux dons après avoir supprimé l’ISF. Je sais j’exagère, ça n’a rien à voir... mais l’ennui, le pas envie de faire le ménage, les enfants qui continuent à dormir et moi qui attends pour préparer à manger... et voilà ce que ça donne... des pensées noires, la recherche d’un coupable. Personne n’aimerait être à la place du président. Mais personne ne l’a forcé à s’entêter dans sa logique néo-libérale.

N., cadre associative en confinement