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Communiqué du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste au Sénat

Un aveu d’échec pour la France

Publié le 24 septembre 2021 à 11:52

Le 16 septembre, le gouvernement australien a annoncé rompre unilatéralement le contrat signé en 2016 d’une valeur estimée à 56 milliards d’euros et pour lequel Naval Group devait construire douze sous-marins dérivés du modèle Barracuda. Ce contrat, d’une durée totale de presque 130 ans, devait mobiliser environ un millier de salariés. La rupture de ce contrat historique ne saurait être un prétexte pour mener un plan de réduction des effectifs, car ils ne portent aucune responsabilité dans cet échec industriel et politique majeur. Toutes ces dernières années ont été marquées par des transferts récurrents des compétences, des savoirs et des technologies qui doivent aujourd’hui être réintégrés en réaffectant les salariés à d’autres projets. Cet échec constitue surtout un camouflet pour la France et interroge toute notre stratégie industrielle de défense. Paris a fait de l’exportation des armements un levier essentiel de sa stratégie commerciale, en cherchant à faire de la France le meilleur élève de l’Otan et de la présence occidentale dans la zone indo-pacifique. Aujourd’hui, c’est une réorientation stratégique qui doit être mise en œuvre. L’élection de Joe Biden à la tête des États-Unis signe le retour en force de Washington dans la zone, et l’affirmation claire que seuls les États-Unis entendent être les patrons de la croisade anti-chinoise. L’Otan apparaît plus inféodée que jamais à cette orientation. La France espérait être à la table des convives. Les États-Unis renvoient la France dans la cour des petits de la façon la plus humiliante qui soit. Notre pays doit en tirer toutes les conséquences en cessant d’adosser sa stratégie aux desiderata états-uniens. Ce camouflet interroge aussi la volonté française de constituer un pôle européen fort au sein de l’Otan, « l’Europe de la Défense », car Washington pourrait infliger les mêmes revers à cette stratégie. La France doit tirer les leçons de cet échec. Si elle souhaite effectivement renforcer la souveraineté française et européenne de la Défense, elle doit tout à la fois sortir de la relation toxique entretenue au sein de l’Otan, sanctuariser son industrie de Défense et mener un travail de concertation en Europe sur des bases de coopération, d’indépendance et de souveraineté, en vue d’imaginer une nouvelle conception de la sécurité collective en Europe. Les sénateurs et sénatrices du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste appellent les autorités françaises à organiser sans tarder un débat au Parlement sur ces enjeux stratégiques essentiels et affirment leur solidarité aux salariés de Naval Group qui pourraient voir leur emploi menacé au prétexte du revers australien.

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