Calais

Un été très violent pour les migrants

Publié le 10 septembre 2021 à 11:32

Alors que le gouvernement britannique envisage de repousser les navires lui amenant des migrants, l’organisme Human Rights Observers (HRO) dénonce une communication hypocrite de la ville de Calais. Celle-ci continue à s’illustrer par une politique inhumaine envers les candidats à l’exil.

La petite phrase qui agace profondément les militants de HRO vient de la maire LR Natacha Bouchart : « Je souhaite à toutes et à tous de profiter sans réserve d’un été coloré sous le signe de Calais LA Plage. » C’était dans un flyer distribué aux habitants au mois de juillet dans le cadre d’une campagne de communication de grande ampleur menée par la ville. Loin de ce discours, Human Rights Observers dépeint un été sombre, caractérisé par des politiques migratoires toujours plus répressives, sécuritaires, et contribuant à l’invisibilisation des personnes bloquées à la frontière franco-britannique. « L’été à Calais, dit encore l’organisation, c’est aussi un harcèlement quotidien : chaque campement est expulsé au moins toutes les quarante-huit heures, y compris les week-ends et jours fériés. Ces trois derniers mois, le rythme des expulsions n’a laissé aucun répit aux personnes exilées : certains lieux de vie ont été expulsés jusqu’à cinq jours par semaine, le matin comme l’après-midi. L’objectif n’est pas caché : épuiser les personnes exilées et saisir le peu de tentes qu’il leur reste. » Durant cette période estivale, HRO a constaté 1 169 tentes, 972 bâches, 196 sacs remplis d’effets personnels, confisqués par les forces de l’ordre et l’équipe de nettoyage APC durant les 278 expulsions orchestrées par la préfecture. « Dans un tel contexte, il est impossible pour les associations de compenser matériellement ces vols », précarisant toujours plus les personnes ciblées par cette politique. Les violences policières visant l’épuisement physique et mental des personnes exilées ont été nombreuses. Le 2 juin par exemple, les membres de HRO ont observé un usage disproportionné de la force et de la violence de la part des forces de l’ordre. « Il nous a aussi été rapporté qu’un mineur de 14 ans avait été gazé et poussé par des gendarmes. L’un d’entre eux lui aurait dit “ici c’est la France, c’est pas un pays arabe”. Il a ensuite été amené vers Marseille par un bus de “mise à l’abri”. » Parmi les autres droits bafoués, HRO a également constaté la restriction de la liberté de circulation, de l’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.