Dans Ève et Lucy, Daniel Dewalle, déjà auteur de quatre ouvrages, explore un nouveau genre littéraire : le roman. L’Houdinois conte l’histoire d’une femme des corons, Luisa, qui entreprend de s’émanciper du carcan patriarcal, de l’avidité masculine et ainsi de se délivrer de « siècles d’infini servage », comme l’écrivait Aragon. Son aspiration à l’égalité « femmes-hommes » s’inspire du combat mené, selon une légende africaine, par Lucy la Rebelle qui ose, avec succès, contrarier la volonté divine « en offrant à l’Humanité de marcher debout ». « Éduquée à la culpabilité d’Ève, Luisa découvrira la rébellion de Lucy et, comme elle, se battra toute sa vie pour remettre à l’endroit ce qui est à l’envers », résume Daniel Dewalle. Ouvrière en usine, femme de ménage, Luisa reprend des études abandonnées trop vite pour embrasser une carrière d’éducatrice. Son attention aux autres, son engagement syndical et au final sa notoriété grandissante lui offrent d’œuvrer pour le bien communal avant de devenir maire d’une ville de… 7 500 habitants. Toute ressemblance avec des personnages existants serait-elle alors fortuite ? Des expériences innovantes en matière de gestion municipale à l’émergence des intégrismes religieux, des luttes contre les expulsions locatives au scandale de l’évasion fiscale, l’auteur embrasse des sujets d’une brûlante actualité sur laquelle il s’agit de peser pour « changer la vie », comme l’imaginait Rimbaud.
Ève et Lucy, par Daniel Dewalle. Les Éditions Baudelaire. 14 euros. Rens. au 06 77 94 46 09.