« Cette date est symbolique pour moi, car ce jour-là, mon père aurait fêté ses 110 ans. Travaillant dans l’industrie de la chaussure à Laventie, il avait participé aux grèves de 1936. Il n’exprimait pas d’opinions politiques, mais je sentais qu’il était de gauche », souligne, ému, Yves Turlutte. D’autres proches ont alors été marqués au rouge par le patronat du textile au point de de- voir s’exiler dans les mines du Pas-de-Calais. Quant à son oncle René, il a été lieutenant dans les FFI... Yves a de qui tenir. En 1979, c’est pourtant au Parti socialiste qu’il adhère. « Deux copains y militaient. Je ne me suis pas trop posé de questions. Pour moi, l’important c’était de virer Giscard », souligne-t-il.
« Mon ennemie, c’est la finance »
L’élection présidentielle du printemps 1981 lui offre l’occasion de sa première mobilisation électorale d’ampleur. À cette époque, il intègre la MACIF, une société d’assurances. Il y effectuera l’essentiel de sa carrière à la direction du développement notamment. Il demeure alors à Estaires. En 2012, Yves assiste au Bourget au discours de François Hollande qui prétend n’avoir qu’un ennemi : la finance sans visage ! « J’étais enchanté. Plus tard, j’ai appris que son chef de cabinet à l’Élysée était Emmanuel Macron, banquier de Rothschild comme Pompidou. Ça m’est resté à travers de la gorge. Moi si j’ai un ennemi, je ne l’invite pas à ma table. Peu de temps après, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, a extradé vers l’Espagne Aurore Martin, une indépendantiste basque pour y être incarcérée. Ce n’était plus possible », se souvient-il. Yves claque alors la porte du PS et, dans la foulée d’un divorce, quitte bientôt Estaires où il est devenu persona non grata. Élu d’opposition, il était devenu, « la bête noire de Benoît Ficheux, le maire UDI ». Les péripéties de l’existence l’amènent à Lillers. Il y fait la rencontre de Lucien Andries, la figure emblématique du communisme régional, mais aussi de Xavier Kolakowski, le benjamin du conseil municipal.
Naturellement communiste
Un jour, ce dernier lui propose de prendre sa carte au Parti. « Mes camarades socialistes m’avaient toujours dit que ma place était au PCF », reconnaît-il. Yves saute alors le pas. Nous sommes début 2017. Cette rencontre serait-elle le fruit d’une gauchisation personnelle ou alors d’une droitisation du PCF ? « Ni l’un, ni l’autre. Je suis resté le même et je ne crois pas que Lucien Andries se soit droitisé », se marre Yves. Comme l’ensemble de sa section, il a voté pour la candidature de Fabien Roussel à la Présidentielle. Celle-ci « nous rendra davantage visible. D’aucuns pensaient que le PCF avait disparu. Cadre à la RATP, le fils de ma compagne, qui habite pourtant le Val-de-Marne, un fief électoral, imaginait que nous nous étions dissous dans la France Insoumise ».