Les jeunes face au racisme

Une bataille menée par le PCF depuis de longues années

Rentrée des communistes

par Ousmane Mbaye
Publié le 4 septembre 2020 à 12:48

Un atelier était consacré à la question des jeunes face au racisme. Léon Deffontaines, secrétaire national du MJCF, y analyse les enjeux actuels en France et les modalités pour le combattre.

La question du racisme est revenue sur la scène il y a quelques mois avec la mort de George Floyd [1] »rappelle le secrétaire du MJCF (Mouvement des jeunes communistes de France). Ce dernier évoque un« racisme décomplexé » outre-Atlantique et une police pour qui tout est permis. Suite à cet événement, la jeunesse américaine s’est mobilisée en nombre pour dénoncer les violences policières envers les minorités et a réclamé une refonte de la police. En France, le MJCF a lui toujours été en première ligne sur cette question, comme lors de l’apartheid en Afrique du Sud où il avait exigé la libération de Nelson Mandela. Et encore aujourd’hui lorsqu’il se mobilise pour dénoncer les annexions et exactions de l’État israélien en Palestine.

Mais dans l’Hexagone aussi la question du racisme prend une place de plus en plus importante dans l’espace public. À travers l’exemple de la marche pour Adama Traoré [2] le 13 juin dernier - qui a rassemblé plus de 200 000 personnes place de la République à Paris -, Léon Deffontaines évoque un « tournant » incarné par la jeunesse française. « On voit qu’il y a eu beaucoup de jeunes qui se sont levés contre le racisme infligé aux habitants des quartiers. » Selon lui, bien que la police française ne soit pas foncièrement raciste, il existe une « omerta » dans ses rangs qui empêche de dénoncer les actes racistes commis par des policiers. C’est pourquoi il est nécessaire de casser cet « esprit de corps » qui y règne, amplifié par les modalités de recrutement des futurs policiers : « On recrute des gens qui veulent en découdre. »

Le racisme dans les quartiers : un échec d’intégration

Mais le racisme s’étend bien au-delà de la seule question des violences policières. De la recherche d’un emploi à celle de la mobilité, la jeunesse des quartiers est discriminée en tous points, symptôme de l’échec du modèle d’intégration de cette population. « Dans les quartiers populaires, il arrive qu’il n’y ait aucun transport en commun, comme dans un quartier d’Amiens où j’ai vécu, certains jeunes me disaient aller en ville une fois par an » confie Léon Deffontaines. Selon ses origines et son lieu de vie, un jeune n’a donc pas les mêmes chances d’accéder à l’emploi. « Aujourd’hui, juste un nom de famille peut entraîner une discrimination à l’embauche » déplore encore le secrétaire national du MJCF. Un « échec du modèle républicain » de l’État qui a tout simplement « délaissé » ces territoires.

Face à ce constat, les interrogations sont multiples : « Comment lutter contre les discours racistes dans la sphère politique ? » Pour Léon Deffontaines, la faute reviendrait principalement aux chaînes d’info en continu qui contribueraient à légitimer la parole raciste dans le débat public : « Quand on invite Marion Maréchal-Le Pen et Éric Zemmour sur CNews, on sait qu’il y a aura un discours de haine et c’est inacceptable car ça banalise le discours identitaire de repli sur soi ».« Pourquoi l’État soutient la police malgré ses erreurs ? » Parce que la police est le bras armé de l’État, répond Léon Deffontaines. C’est grâce à elle que le gouvernement a pu faire passer ses réformes. Il a donc tout intérêt à soutenir sa police, qui a d’ailleurs été sur tous les fronts ces derniers mois, des manifestations des Gilets jaunes à celles contre la réforme des retraites. « Quelles actions compte mener le PCF ? » Léon Deffontaines appelle à« continuer la bataille des idées, être dans la rue, occuper l’espace médiatique ».« Allons chercher les jeunes dans les quartiers pour manifester afin de lutter contre le racisme et l’exploitation » conclut le secrétaire national du MJCF.

Notes :

[1La mort de cet homme noir le 25 mai 2020 lors de son interpellation musclée par la police a déclenché une vague de manifestations aux États-Unis et dans le monde contre le racisme et les violences policières.

[2Jeune homme de 24 ans décédé en 2016 suite à son interpellation par la police dans le Val-d’Oise.