Mohammed Lakel

Une expulsion qui fait honte à la france

par Philippe Allienne
Publié le 23 août 2019 à 18:12

C’est en 2012 que Mohamed Lakel est arrivé sur le sol français. Dépourvu de papiers, il a fait le maximum pour régulariser sa situation. Toutes ses demandes ont été refusées et il a fait l’objet de trois obligations de quitter le territoire français, en 2015, en 2017 et en février dernier.

Arrêté début août lors d’un contrôle en centre ville de Lille, il a été emmené au centre de rétention de Lesquin d’où il n’est sorti que pour son départ pour l’Algérie. Très investi dans la vie associative, notamment les associations solidaires, jardinier bénévole pour la paroisse de l’Epeule, à Roubaix (un jardin qui était à l’abandon avant qu’il ne s’en occupe), il était aussi membre du collectif des sans papiers 59. Il a toujours refusé de fuir et de se cacher. Son combat pour sa régularisation a été mené au grand jour.

Les nombreux soutiens politiques qui l’ont accompagné depuis son interpellation ne s’y sont pas trompés, comme Dalila Dendouga, adjointe au maire de Lille qui a écrit ainsi au préfet de région que les preuves sont évidentes « de ce qu’il a pris, en France, toute sa place, parmi nous et de ce qu’il est un réel exemple d’engagement au service des autres ».

Elle précise qu’il « participait activement aux commémorations et mobilisations organisées par la ville de Lille en faveur des droits humains, preuve là encore de son engagement évident ».

Le sénateur et le député communistes Eric Bocquet et Alain Bruneel ont eux aussi aussi écrit au préfet. Le second a rendu visite à Mohamed Lakel au centre de rétention. « A travers cette visite, dit-il, j’ai pu constater toute la toute la motivation de cet homme à poursuivre sa vie ici, avec ses amis, ses collègues, ses camarades et tous ceux qu’il nomme ‘’sa seconde famille’’ ».

Et de souligner que ce travailleur « fait honneur à notre devise Républicaine qu’il concrétise dans ses actes quotidiens ». Son dossier, déposé en préfecture, devait encore être étudié en septembre. L’Etat avait-il besoin de faire un exemple, en dépit, ou à cause de la mobilisation citoyenne dont on a parlé au niveau national ? Pour la Codresse (Commission chargée du réexamen de la situation administrative des étrangers), les critères de régularisation n’étaient pas réunis. Pourtant, la ferme urbaine du Trichon, à Roubaix, lui avait signé une promesse ferme d’embauche. Il en avait même reçu une seconde. « Trop tard » , dit-on laconiquement à la Préfecture.