Nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs

« Une machine à créer de la précarité et de la pauvreté »

par Philippe Allienne
Publié le 8 novembre 2019 à 16:14

La réforme de l’assurance-chômage n’épargne pas les chômeurs. Elle a été élaborée avec l’objectif d’économiser 3,4 milliards d’euros d’économie sur le régime d’indemnisation entre 2020 et 2021.

Selon l’Unédic, plus de 40% des demandeurs d’emploi vont voir leurs indemnisations diminuer de manière substantielle. Depuis le 1er novembre, il faut maintenant avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour toucher l’allocation d’aide de retour à l’emploi.

Avant le 1er novembre, le délai portait sur quatre mois travaillés sur les vingt-huit derniers mois. De la même façon, un chômeur qui trouve un CDD doit travailler six mois pour accumuler de nouveaux droits (selon le principe des droits rechargeables). Auparavant, c’était un mois.

« C’est à partir du mois de mars que cette loi produira les impacts les plus sévères », explique Philippe Billoir, animateur du comité des privés d’emploi dans le Valenciennois, au sein d e l ’ Union locale de la CGT. En effet, les petits contrats, comme ceux que l’on fait signer aux assistantes maternelles, conduiront à zéro centime d’indemnisation. Il restera le RSA. « Et le Revenu social universel que propose le gouvernement ne fera qu’empirer les choses. Comme il inclura toutes les allocations (logement, adultes handicapés etc.) on ne saura plus exactement ce que l’on touche ». Pour le syndicaliste, les nouvelles règles vont favoriser les petits contrats et vont obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi. Déjà, Pôle Emploi radiait pour un mois les chômeurs qui manquaient un rendez-vous ou qui ne s’actualisaient pas dans les délais. Par ailleurs, le privé d’emploi doit posséder un smartphone et un accès internet.

« Certes, il peut utiliser les bornes internet de son agence, mais s’il habite à 15 km de distance, cela lui est difficile. D’autant que les transports gratuits n’en sont qu’aux débats ».

Les dispositions qui viennent d’être adoptées concernent toutes les catégories. Un cadre qui gagne plus de 5 000 euros par mois et qui perd son emploi va subir une dégressivité élevée (30 % à compter du septième mois) de ses allocations au bout de six mois.

Lire aussi : Quand la petite restauration ouvre ses bras aux chômeurs

En fin de compte, la loi ne s’intéresse « positivement » qu’aux personnes qui démissionnent avec un projet de reconversion avec formation l’appui ou avec un projet de création ou de reprise d’une entreprise. Mais les conditions sont drastiques et la portée limitée. Même chose pour les travailleurs indépendants qui peuvent maintenant, en cas de cessation d’activité et sous conditions, toucher une allocation spécifique (Allocation des travailleurs indépendants - ATI - d’un montant de 800 euros pendant six mois). D’une manière générale, constate Philippe Billoir, ces dispositions « sont une machine à créer de la précarité et de la pauvreté. On va vers une déshumanisation totale ».