Légende photo : Frédéric Naveteur (au centre) en manifestation au Louvre-Lens en février 2013. © Jacques Kmieciak
Georges Ibrahim Abdallah

Une peine interminable

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 23 septembre 2022 à 18:24 Mise à jour le 26 septembre 2022

Georges Ibrahim Abdallah entamera, le 24 octobre prochain à Lannemezan, sa 39e année de détention en France. Le Collectif « Bassin minier » appelle à se mobiliser dans le cadre du mois international d’actions pour la libération de ce résistant communiste libanais [1].Frédéric Naveteur, l’un de ses animateurs, revient sur cette détention « à n’en plus finir »

  • Condamné à la prison à perpétuité pour complicité dans l’assassinat d’un agent de la CIA et d’un autre du Mossad, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. En dépit de plusieurs décisions de Justice favorables à son élargissement, l’Etat français le maintien en prison. Pour quelles raisons selon vous ?

Selon moi, la fidélité indéfectible de Georges à ses idéaux communistes, anti-impérialistes et propalestiniens est la principale cause de cette détention. Les instances gouvernementales françaises détentrices du pouvoir que leur confient les maîtres de l’économie capitaliste, ne sont pas près de libérer un militant qui leur tient tête depuis toutes ces années. Le tuer serait en faire un martyr, le libérer, un héros vainqueur. Ils préfèrent donc le laisser croupir en prison espérant qu’il parte sans trop de bruit.

  • Qui porte la responsabilité de cette situation ? La France seule ?

La mondialisation ne se fait pas qu’à l’échelle de la production de biens et de services, elle touche aussi les sphères politiques et idéologiques. C’est donc une responsabilité partagée selon moi entre chacune des grandes puissances occidentales impérialistes. Les Etats-Unis recommandaient à notre président fraîchement élu François Hollande, de ne pas permettre la libération du « terroriste » Abdallah au prétexte qu’il refusait de reconnaître ses torts et de dédommager les familles de ses «  victimes ». Feu Jacques Vergès qui fut son avocat, avait qualifié la France de «  putain des U.S.A  » car elle exécutait la salle besogne de détenir Georges Abdallah. Si la formule présentait l’avantage d’être percutante et provocatrice, elle amoindrit selon moi, la responsabilité des gouvernants français successifs car «  être putain  » est généralement une situation subie de victimes sous l’emprise de proxénète. Quant au pouvoir israélien, qui brandit systématiquement le drapeau de la Shoah pour faire taire toute opposition politique ou idéologique, en taxant systématiquement ses détracteurs d’antisémitisme, il est bien évident qu’il ne peut laisser la Justice française libérer Abdallah. Il s’agirait d’un acte de soutien à la Palestine !

Notes :

[1Le Collectif « Bassin minier » pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah compte interpeller les sections du PCF du Nord-Pas-de-Calais et la Jeunesse communiste dans le but de multiplier les initiatives (conférences, rassemblements, etc.) en vue d’obtenir son retour parmi les siens au Liban. Contact : liberezgeorgesibrahimabdallah chez gmail.com.