Crise sanitaire et hommage à Samuel Paty

Une rentrée scolaire particulièrement perturbée

Publié le 6 novembre 2020 à 13:15 Mise à jour le 8 novembre 2020

Mardi 3 novembre, au lendemain de la rentrée scolaire après les vacances de la Toussaint, les enseignants du collège et du lycée Baudelaire, à Roubaix, se sont mis en grève pour réclamer un renforcement du protocole sanitaire. Un cas parmi de nombreux autres en France qui révèle les conditions difficiles de cette rentrée.

Roubaix, le personnel enseignant réclame des effectifs réduits et des moyens humains (surveillants, personnel d’entretien) pour rendre effectifs la limitation du brassage, le nettoyage renforcé et l’aération des locaux. Ils réclament aussi des masques chirurgicaux pour les professeurs et les élèves.Les enseignants ont adressé un courrier à la rectrice de l’Académie de Lille. Le droit de grève a été exercé par 50 % des professeurs de collège et 70 % de leurs collègues au lycée. Réunis le même jour en assemblée générale, les personnels de la cité scolaire Baudelaire ont réaffirmé les objectifs de leur action : garantir la continuité à long terme du service public d’éducation, protéger la santé des élèves, des personnels et de leurs proches.

Droit de retrait à Anzin

« Nous réitérons donc notre demande d’une organisation en demi-groupes, comme prévu dans la circulaire sur le plan de continuité pédagogique diffusée mi-juillet en cas de circulation active du virus. Si cette demande, légitime, simple à appliquer, soutenue par les parents d’élèves et les élèves, n’était pas entendue, l’assemblée générale a décidé, par 98 % de voix exprimées, d’un nouveau débrayage », peut-on lire dans le courrier adressé à leur hiérarchie. Le député du Nord Fabien Roussel s’est lui adressé par courrier à Valérie Cabuil, rectrice de la région académique des Hauts-de-France et rectrice de l’Académie de Lille.Il évoque l’exemple du lycée professionnel Pierre-Joseph Fontaine, à Anzin, où l’on constate de lourds dysfonctionnements. « Compte tenu du risque d’exposition au virus, écrit-il, les personnels de cet établissement ont fait valoir leur droit de retrait. » En effet, alors que le protocole du ministère de l’Éducation nationale évoquait la fourniture de deux masques par jour aux personnels, aucun de ces équipements n’avait encore été distribué au lendemain de la rentrée.Mais la situation dans ce lycée s’avère particulièrement catastrophique. La communauté éducative y exprime l’impossibilité d’assurer la sécurité sanitaire des élèves et des personnels en raison, d’abord, de personnels non remplacés. Il se trouve en effet que quatorze des seize agents techniques de l’établissement sont absents pour raison de santé. Il en va de même pour deux des quatre secrétaires, pour l’agent d’accueil et pour l’assistante sociale titulaire qui est pour sa part en arrêt maladie depuis plusieurs mois.

Profonde réorganisation indispensable

« Cette situation, écrit Fabien Roussel, a de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’établissement. Depuis le 3 novembre dernier, le lavage des sols et le vidage des poubelles n’est plus assuré. Le nettoyage du mobilier et des équipements informatiques n’est effectué qu’à minima par les enseignants et le personnel d’éducation qui, en outre, ne disposent pas de produit bactéricide. » Cela ne s’arrête pas là. L’effectif des classes s’élève à 35 élèves, comme c’est souvent le cas. Il est incompatible avec la superficie des salles de cours. De la même façon, il est impossible d’éviter le brassage des lycéens. Certains cours, c’est le cas pour les langues vivantes ou pour l’EPS, réunissent des élèves de plusieurs classes. À moins d’une profonde réorganisation, le protocole sanitaire ne peut être respecté. Le député du Nord dénonce encore la fermeture du service infirmerie jusqu’au 1er décembre, l’infirmière scolaire étant souffrante. Toujours pour des raisons d’absence d’agents, le service de restauration scolaire est à l’arrêt. « Si des sandwichs sont confectionnés pour les demi-pensionnaires, certains prennent leur collation dans le hall d’accueil ou dans les couloirs. Autant dire que la distanciation sociale et les gestes barrière sont largement ignorés. » Enfin, Fabien Roussel (son courrier à la rectrice commence d’ailleurs par là) note qu’aux contraintes sanitaires «  se sont ajoutées les questions portant sur l’hommage à Samuel Paty, dont l’organisation a été compliquée par l’absence de coordination, chaque établissement ayant été renvoyé à prévoir lui-même le déroulement de ce temps si sensible et singulier ».

Lire aussi : La lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices.