2020, le bac Covid-19 pour tous

Une scolarité entre parenthèses pour plusieurs millions d’élèves ?

par Franck Jakubek
Publié le 10 avril 2020 à 18:51

C’est un soulagement pour les collégiens de troisième et les élèves de terminale pour la fin d’année scolaire avec les annonces du ministre de l’Éducation nationale. Sauf pour ceux ayant de trop mauvais résultats aux deux premiers trimestres, l’examen est acquis au contrôle continu.

Le prévoyant Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, n’avait pas prévu une crise sanitaire de cette ampleur. C’est une des raisons de ces atermoiements. Mais est-il le seul ? L’ensemble du gouvernement présente ses faiblesses face à un événement inédit. Il a finalement renoncé à organiser les épreuves du bac en fin d’année, comme celles du brevet. Le contrôle continu est privilégié avec la prise en compte des relevés de notes des élèves pendant les deux premiers trimestres.

Du côté des parents, pas simple de jouer le professeur à domicile depuis trois semaines. Même pour les personnes en télétravail, impossible de faire le relais pour le travail scolaire, y compris pour les professeurs. Ces dernier(e)s doivent d’abord remplir leurs fonctions auprès de leurs élèves, de l’école primaire aux classes supérieures. Plus de préparations, plus de questions et aussi plus de corrections au bout du compte, avec la nécessité de s’adapter. Et souvent c’est avec les moyens du bord, surtout la première semaine, ce que soulignent l’ensemble des syndicats d’enseignants et les associations de parents d’élèves. Ce qui a pour effet d’accentuer le décrochage scolaire d’au moins 8 à 9 %. Une vraie problématique pour les élèves des plus petites classes au moment de l’apprentissage des fondamentaux.

Enseigner à distance nécessite non seulement certaines dispositions, mais aussi l’accès à des bases de données pour les cours et les exercices. Sans parler du matériel, ordinateur, casque, micro ou caméras dont tous les enseignants, et encore moins les élèves, ne disposent pas à domicile. La problématique s’est accentuée au travers de la fracture numérique. Un euphémisme pour désigner l’impossibilité pour les familles à revenus modestes de disposer d’un ordinateur par personne, voire d’un PC tout court.

Une problématique bien comprise par le Département du Pas-de-Calais qui a décidé à compter du 6 avril d’élargir l’accès à l’Environnement numérique de travail (ENT), déjà mis en œuvre pour les collèges, aux écoles primaires volontaires. Comme l’explique le président du Département du Pas-de-Calais Jean-Claude Leroy : « Au vu de la situation et afin de faciliter la vie des élèves, des enseignants, des équipes éducatives et - bien sûr - des familles, nous avons décidé d’anticiper l’élargissement du déploiement de l’Environnement numérique de travail, outil apprécié dans nos collèges. Cet élargissement aux écoles primaires, nous l’avions prévu pour la rentrée 2020/2021 mais nous sommes capables de le proposer dès à présent, fort de l’expérimentation réussie ces derniers mois dans les communes de l’ancien bassin minier. »