Soizic Lozachmeur
Coronavirus

Faire du vaccin un bien commun

par Philippe Allienne
Publié le 22 mars 2021 à 12:52

Ce jeudi 11 mars, journée anniversaire de la déclaration de la pandémie de coronavirus par l’OMS, les communistes du Nord et du Pas-de-Calais étaient présents devant l’ARS des Hauts- de-France, à Lille, pour exiger de faire du vaccin un bien commun, la levée des brevets et la production en France. Une initiative qui a été reproduite devant toutes les ARS de France.

Entouré de nombreux élus communistes (voir notre photo), le secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel a expliqué cette mobilisation pour que « notre pays demande à l’Organisation mondiale du commerce la levée des brevets sur les vaccins rapidement et dans le monde entier afin que tout le monde accède au droit de se faire vacciner ».

Onze vaccins candidats

Seule bonne nouvelle de l’année, a-t-il dit, « il existe actuellement onze vaccins candidats contre la pandémie. Or, l’industrie pharmaceutique s’est accaparée le pouvoir de les produire et de gagner de l’argent ». Résultat, des continents comme l’Afrique ou l’Asie manquent de vaccins. « Il ne peut y avoir de propriété sur ces vaccins, a-t-il insisté. Ils doivent être produits largement et librement dans le monde entier. » Le 4 mars dernier, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a participé à une visioconférence sur le financement des vaccins anti-coronavirus pour l’Afrique. « Nous remercions l’Afrique du Sud et l’Inde pour leur proposition à l’Organisation mondiale du commerce afin que les pays renoncent aux brevets sur les produits médicaux jusqu’à la fin de la pandémie de Covid-19 et nous appelons les autres pays à soutenir cette initiative » a-t-il alors déclaré. L’Afrique du Sud et l’Inde, à la tête d’une coalition de plus de cent pays, ont en effet déposé un texte le 2 octobre 2020 dans lequel ils proposent d’accorder une dérogation temporaire à certaines obligations découlant de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) afin que n’importe quel pays puisse produire les vaccins sans se soucier des brevets. « Il s’agit aujourd’hui d’une nécessité impérieuse ! » explique Charlotte Balavoine, co-responsable de la campagne européenne pour le PCF. « En effet, la réponse à la crise sanitaire ne peut être que collective et mondiale et nécessite pour cela de faire passer les vies humaines avant les intérêts de Big pharma. C’est d’ailleurs une idée partagée largement par la population. Dans un sondage fait par Oxfam et la People’s Vaccine Alliance publié dans le JDD, 63 % des Françaises et Français sont favorables à la levée des brevets et au partage des technologies et savoirs sur les vaccins, et 70 % sont favorables à ce que les gouvernements obligent les laboratoires pharmaceutiques à partager leurs connaissances sur les vaccins. » Pourtant, malgré les déclarations de bonnes intentions, l’UE et la France n’ont eu de cesse que de s’opposer à cette proposition depuis des mois. « Faisons des vaccins et des biens anti- pandémiques des biens communs de l’humanité ! » clament les communistes.

Pas d’argent public sans contrôle public

C’est dans cette logique que, le 30 novembre 2020, le PCF a lancé la campagne européenne « Pas de profit sur la pandémie ». Celle-ci, par le biais de l’initiative citoyenne européenne (ICE), vise à obtenir un million de signatures dans au moins sept États membres de l’UE pour exiger un changement législatif à la Commission européenne. Depuis novembre dernier, de nombreuses organisations ont rejoint la campagne qui en regroupe aujourd’hui plus de 200 au niveau européen. La journée du 11 mars était placée sous le mot d’ordre : « Pas d’argent public sans contrôle public ! » Il faut aujourd’hui que la puissance publique qui finance la recherche fondamentale, mais aussi largement la recherche appliquée, maîtrise en totalité la chaîne de production des produits pour répondre aux besoins des populations. C’est en ce sens que le PCF propose de créer, via un pôle public du médicament, des établissements publics qui financent la recherche, la production et la distribution. Et Charlotte Balavoine de conclure : « Il y a urgence à mutualiser toutes les technologies validées, pour développer et répartir la production à l’échelle européenne et à l’échelle mondiale. Concrètement, en France, cela doit passer par la réquisition et la socialisation des usines Sanofi pour produire largement le vaccin, et non se limiter au “flaconnage” qui est proposé aujourd’hui. La loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 du 23 mars 2020 prévoit en effet “la réquisition de tout bien ou service nécessaire à la lutte contre la catastrophe sanitaire ainsi que toute personne nécessaire au fonctionnement de ces services. L’indemnisation de ces réquisitions est régie par le code de la défense’’. »