Capture d'écran de l'allocution du 31 mars. © Élysée 2021

Ils ont regardé Emmanuel Macron

Publié le 2 avril 2021 à 11:42

Nous avons recueilli « à chaud » les réactions de soignants et politiques après l’allocution du président ce mercredi 31 mars. Voici ce qu’ils en disent.

Gonflé le gars ! « Je demande à chacun de fournir des efforts supplémentaires pour les prochains mois » : « efforts des soignants », « efforts de tous », « efforts des écoles ». Chacun est renvoyé à sa responsabilité individuelle ce qui permet à Macron et au gouvernement de s’exonérer complètement de leur responsabilité. Quand il parle des « erreurs commises », c’est toujours « nous » c’est-à-dire « lui et nous » comme si nous avions eu notre mot à dire, comme s’il avait écouté toutes les alertes depuis des années... « Efforts supplémentaires des soignants » alors que le gouvernement a continué de fermer des lits d’hôpitaux depuis un an et n’a engagé aucun plan réel de formation et de recrutement de personnels médicaux et paramédicaux ! « Efforts de tous » alors que Macron a refusé la gratuité des masques et n’a pas créé les conditions d’une vaccination rapide de tous ceux qui le souhaitent. Rappelons qu’il a laissé Sanofi gaver ses actionnaires de 4 milliards d’euros en 2020, supprimer 3 000 emplois de chercheurs tout en lui versant des milliards d’argent public, qu’il s’oppose à faire des vaccins un bien public et à réquisitionner nos chaînes de production en France ! « Efforts des écoles » alors qu’il n’a mis aucun moyen nouveau pour l’éducation, aucun moyen pour recruter massivement des enseignants et des personnels d’éducation pour permettre des dédoublements, accompagner les élèves en difficulté, aménager les locaux ! Une nouvelle fois, un Macron fidèle à lui-même : de belles envolées lyriques contredites par les actes concrets ! L’échec de ce régime monarchique et de cette logique du capitalisme où nos vies valent moins que leurs profits.

> Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF de l’Oise

Pas de ligne directrice J’ai halluciné. Macron est toujours aussi confus, il n’y a pas de ligne directrice. Le gouvernement transfère à l’ensemble de la France ce qui n’a pas marché chez nous. Il n’y a pas suffisamment de vaccins. On fait des stocks stratégiques mais c’est de la poudre aux yeux. L’enveloppe globale demeure trop faible. On le voit bien sur notre territoire. Or, la vaccination de masse est un élément émancipateur du peuple. 

> Jean Letoquart, infirmier anesthésiste au centre hospitalier de Lens

Il faut lever les brevets ! Il fallait prendre des mesures parce que le virus est hors de contrôle. S’agit-il des bonnes mesures ? C’est ce qui se fait dans l’ensemble des Hauts-de-France depuis une semaine. Or, pour juger des effets, il faut un retour de trois à quatre semaines. Il n’y a donc pas d’évaluation. Ensuite, je décèle plusieurs points aveugles. D’abord, le gouvernement tape sur les loisirs, la vie de famille et l’école. Mais il ne touche pas au travail. Il parle de télétravail systématique, mais il n’y a aucune mesure coercitive sur les entreprises. Il leur laisse la bride sur le cou. Or les bureaux et les ateliers ; ainsi que les transports, sont des lieux de contamination forts. Emmanuel Macron est dans le non-dits pour préserver les intérêts des entreprises. Autre point aveugle : la vaccination. Il n’a pas dit un mot sur la nécessité de lever les brevets et de faire en sorte que l’on ne fasse pas de profit sur la pandémie. Or, le vaccin, c’est l’arme principale pour sortir de cette situation. Une licence publique du vaccin permettrait de contrôler la chaîne de fabrication. Enfin, je ne m’attendais pas à ce qu’il évoque un pôle public du médicament. Mais il n’a rien dit sur les nécessaires changements de politique de santé. Il faut un plan de formation, il faut recruter, il faut rééquiper les hôpitaux. En fait, il ne change rien. Nous avons affaire à un choix politique qui est remis entre les mains des entreprises.

> Loïc Pen, médecin urgentiste à Creil