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Université

Investir dans la qualité de l’air pour limiter les vagues de variant

par Philippe Allienne
Publié le 28 décembre 2021 à 11:41

Le collectif RogueEsr, qui réunit des membres de la communauté académique et défend un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, souhaite aux universitaires de « souffler » en cette fin d’année. Souffler pour se reposer, mais aussi respirer un air meilleur dans les bâtiments universitaires, tel qu’ils le réclament depuis la crise sanitaire.

Dans un texte intitulé « Souffler », le collectif souhaite adresser « un message chaleureux et apaisé » en ce début d’hiver et en cette période de fêtes. « Dans la tourmente, écrit-il, il n’y a d’autre boussole que les rationalités en débat, la désintrication des croyances et des savoirs, et l’expérience sensible. Ainsi, nous avons été 2 700 à alerter, dès juin dernier sur la nécessité de reconstituer un arsenal sanitaire large et d’investir dans la qualité de l’air pour éviter la vague de variant Delta comme l’irruption d’une souche mutante présentant un contournement immunitaire. La vague d’Omicron est devenue un fait, et non un simple possible, montrant une fois de plus la capacité de véridiction des analyses scientifiques qui ne se laissent enfermer ni dans le scientisme ni dans le déni des faits. » Les faits, rien que les faits, pourrait-on résumer, sans mélanger les croyances ou convictions avec les connaissances scientifiques. Dans un appel lancé lors du confinement, et toujours pertinent, RogueEsr rappelait que « la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments doit désormais être considérée comme un bien commun, à l’instar de la qualité de l’eau comme de l’Université elle-même. Cette nouvelle approche implique un investissement dans la sécurisation sanitaire des établissements pour retrouver un enseignement de qualité où les outils numériques ne se substituent plus à la pédagogie ». Ce même appel mettait aussi l’accent sur l’importance de nous préparer à la possibilité d’un variant disposant d’un échappement immunitaire important, tant qu’il existera un réservoir épidémique humain sur la planète. Avec l’arrivée du variant Omicron, la réalité rejoint les prévisions du collectif. Ce dernier le disait déjà : « Il faudrait alors de longs mois pour mettre à jour les vaccins ARNm et reprendre la campagne vaccinale en commençant par les plus fragiles. Si cela devait advenir, ou que surgisse une tout autre épidémie, il serait indispensable de garder l’Université ouverte. Notre société doit consentir dès maintenant aux investissements permettant de réduire le risque de transmission épidémique. » On l’a vu à l’occasion de chaque vague de Covid, et on le verra encore, les autorités gouvernementales se montrent à chaque fois hésitantes et très « prudentes », pour ne pas dire frileuses, sur la conduite à tenir. Dans un autre domaine que celui de l’université, comment par exemple le ministre de la Santé peut-il affirmer que le calendrier électoral (pour la présidentielle au moins) sera tenu ? Nul ne peut aujourd’hui ignorer que le SARS-CoV-2 est mondialement reconnu depuis juin 2020 comme un virus aéroporté, se propageant par l’intermédiaire de très fines gouttelettes émises dans l’air expiré par une personne infectée, et pouvant rester en suspension dans l’air pendant plusieurs heures en conservant leur pouvoir infectieux. L’appel de RogueEsr était limpide : « Si elles ne sont pas évacuées, ces gouttelettes transmettent efficacement le SARS-CoV-2 lorsqu’elles sont inhalées. Ainsi, la réduction du risque de transmission épidémique repose sur l’investissement dans une ventilation fonctionnelle des espaces clos recevant du public, en mettant en œuvre les techniques les plus innovantes. La mesure du risque de contamination à l’aide de capteurs de CO2 est une solution simple et peu coûteuse pour vérifier la bonne ventilation d’une pièce. Fournir au personnel et aux étudiants des masques de qualité permet de réduire le risque d’un facteur 10 à 50. L’exécutif doit consentir à ces investissements modestes au regard du coût social et économique de la syndémie, aisément mis en œuvre, et qui seront amortis sur le long terme puisqu’ils contribueront à assurer une meilleure qualité de l’air ambiant : moins de pathogènes dans l’air, moins de maladies respiratoires. »