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Emploi, salaires et pouvoir d'achat

Fabien Roussel promet « des réformes heureuses » à des militants nombreux et conquis

par Grégoire REMUND
Publié le 10 décembre 2021 à 14:36

Candidat à la présidence, le député communiste du Nord a tenu son premier grand meeting dimanche 21 novembre, place Stalingrad, à Paris. Devant quelque 3 000 sympathisants venus de toute la France, il a notamment proposé une augmentation du Smic de 20 %. Reportage.

Malgré la pluie, les drapeaux rouges frappés du logo du Parti communiste français étaient nombreux sur la place Stalingrad, à Paris. Le meeting de Fabien Roussel a, d’après les organisateurs, réuni environ 3 000 personnes. Un tel rassemblement n’avait encore jamais eu lieu – Fête de l’Humanité exceptée – depuis l’annonce de la candidature du député du Nord. « Ça fait du bien de se retrouver. Aujourd’hui on croise des militants qui viennent de toute la France », souligne Anne, retraitée de l’Éducation nationale qui a fait le déplacement depuis Nevers. « Je suis ici pour exprimer ma colère et porter des revendications qui, malheureusement, sont les mêmes depuis tant d’années, notamment lutter contre la fraude et l’évasion fiscale en recrutant des fonctionnaires capables de les détecter et, grâce à l’argent récupéré, permettre aux petites entreprises d’embaucher davantage et d’offrir de meilleures conditions de travail aux salariés. » À rebours de ses adversaires de droite et d’extrême droite, qui n’ont d’yeux que pour les thèmes de l’immigration et de la sécurité, Fabien Roussel a fait de nombreuses propositions en faveur de l’emploi, la hausse des salaires et d’une plus juste répartition des richesses s’il était élu. Sur la scène du meeting, entouré de son équipe de campagne et de membres de l’UEC (Union des étudiants communistes), il s’est engagé « à augmenter le Smic de 20 % pour le porter à 1 500 euros net dès le printemps 2022 ». Et d’ajouter : « Pas que le Smic d’ailleurs, tous les salaires devront augmenter en fonction de l’inflation et toutes les branches professionnelles seront tenues de l’appliquer, cela sera inscrit dans la loi. »

« Défendre nos propres idées »

Benoît, 32 ans, barquette de frites à la main, cherche dans la foule ses camarades de la fédération de la Nièvre. Barbe parfaitement taillée, gabardine, chemise blanche et cravate rouge, il porte beau. « Pour l’occasion, j’ai ajouté un petit détail : une pince à cravate en forme de clé anglaise, cela change de la faucille et du marteau », sourit-il. Pour rien au monde, il n’aurait manqué ce grand rassemblement. « À Nevers, les sympathisants communistes ne son plus très nombreux, particulièrement les jeunes de moins de 40 ans, il est donc important de se déplacer pour voir d’autres têtes, faire des connaissances et montrer qu’on est soudé. » Sur ce dernier point, Benoît n’a aucun doute. « La seule chose qui peut nous séparer entre communistes aujourd’hui, c’est savoir si on a envie de gifler Macron de la main gauche ou de la main droite. » Encarté depuis deux ans, le jeune homme, actuellement sans emploi et qui souhaiterait devenir officier de police, avoue ne pas avoir hésité longtemps entre PCF et LFI (La France Insoumise). « Le Parti communiste est une grande force de progrès social qui a déjà fait ses preuves au pouvoir. N’oublions pas que nous devons la création de la Sécurité sociale à Ambroise Croizat, membre du PCF (et ministre du Travail de 1945 à 1947, ndlr). » Si Benoît ne se berce pas d’illusions sur les chances de réussite du candidat Roussel à la présidentielle, pour lui, l’essentiel n’est pas là. « On va au combat pour défendre de nouveau nos propres idées après avoir défendu celles d’un autre parti [celui de Jean-Luc Mélenchon, en l’occurrence] deux fois consécutives. Nos chances de l’emporter sont maigres mais il reste de nombreux abstentionnistes à convaincre. »

« Venir en aide aux étudiants »

Avant et après l’intervention de Fabien Roussel, les animations se sont succédé place Stalingrad. Une troupe de batucada, des groupes de musique et un DJ ont tenté vaille que vaille de réchauffer la foule. Trempés jusqu’aux os, Clémentine et Félix, respectivement, 21 et 24 ans, sont arrivés le matin en bus « avec un gros groupe de militants » en provenance de Bonneuil-sur-Marne, une commune du Val-de-Marne administrée par le Parti communiste depuis 1935. « L’objectif en cette belle journée est de montrer à Roussel qu’il peut compter sur nous, et, comme lui, nous sommes ultra-motivés », annonce Félix, employé communal. « Nous plaidons pour un revenu étudiant et la création de nouveaux Crous (les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires gèrent, entre autres, le logement, la restauration universitaire et les bourses, ndlr) qui sont indispensables à la réussite des élèves, affirme Clémentine, qui étudie le design à Paris. Moi, j’ai la chance d’en avoir un à disposition. Pour les étudiants en situation de précarité, il est très précieux, cela leur évite d’allonger les files d’attente de la banque alimentaire », qui débordent depuis la crise sanitaire. Un peu plus loin, à proximité de la tente qui abrite la régie, on croise Déo venu avec la section de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. « Ce premier grand meeting va, à cinq mois de la présidentielle, marquer les esprits chez les militants, cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas réunis de la sorte, assure celui qui est aussi un des représentants du Parti communiste congolais en France. Nous avons enfin notre propre candidat, et ça c’est un soulagement. Il nous faut maintenant occuper le terrain et rappeler aux gens que le Parti communiste est une bonne alternative à la politique menée actuellement en France. »

« Ne pas attendre avril 2022 pour agir »

« Nous avons vécu aujourd’hui une journée pluvieuse mais heureuse eu égard à la belle mobilisation autour de notre candidat, confie en aparté Ian Brossat, porte-parole du PCF et directeur de campagne de Fabien Roussel. Cela donne envie de garder espoir et prouve qu’il existe encore dans notre pays une gauche populaire, sociale qui n’a perdu ni ses valeurs, ni ses convictions. » Alors que Roussel recueille autour de 2 % d’intentions de vote actuellement dans les enquêtes d’opinion, le conseiller de Paris rappelle que la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. « Les Français qui répondent à ces instituts de sondage ne se sentent pas encore concernés par la campagne électorale, cinq mois c’est long. Plus Fabien sera connu des Français, plus il montera. Et puis juste derrière la bataille de la présidentielle, il y a un autre combat à mener, celui des législatives. » Pour Fabien Roussel, également interrogé par Liberté Hebdo, « cette journée de mobilisation a permis de marteler un message : obtenir des mesures contre la vie chère pour les salaires et les pensions avant avril 2022. Nous voulons faire de cette campagne électorale, un temps de lutte pour agir dès maintenant. Car l’augmentation du coût de la vie – contrairement à une élection - ne peut pas attendre. »