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Conférence nationale

La marque de l’ambition que doit avoir le PCF

par Philippe Allienne
Publié le 16 avril 2021 à 16:07

« Un moment historique », une « bouffée d’oxygène »… Dès les premières interventions, dimanche matin, le ton était donné et les soutiens à la candidature de Fabien Roussel ont abondé. Jean-Marc Durand, s’exprimant de la Drôme, voit trois raisons à une candidature communiste en 2022 : remettre le PCF véritablement dans le jeu de la politique nationale « car il en a été très éloigné par les absences successives aux derniers scrutins de la présidentielle, donner du corps à l’orientation du 38e Congrès, inciter au retour aux urnes pour une large partie des abstentionnistes qui ne sont pas seulement les ouvriers mais aussi les salariés des couches moyennes ». Face au manque de perspectives devant la droite et l’extrême droite, il y a eu beaucoup de déception, dit-il en substance. « Aujourd’hui, la candidature de Fabien Roussel est crédible et doit être autre chose qu’une candidature témoignage. Face à la crise du système, il faut des perspectives radicales contre le capitalisme. » Et de citer la sécurité de l’emploi, la formation, le contrôle sur l’argent et la Banque centrale européenne. Pour Jean-Marc Durand, il ne s’agit donc pas de se faire plaisir en se singularisant, « il s’agit de redonner de l’espoir et de faire en sorte de gagner un grand nombre de députés communistes ».

Soizic Lozachmeur pour la Fédération du Nord.
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Même discours de la part de Joël Lefebvre, de l’Allier, pour qui la personnalisation de la vie politique (l’élection présidentielle) est devenue un piège pour un PCF soucieux du rassemblement à gauche. « Nos idées et nos combats ont été mis en sourdine et nous avons été mis dans le même sac d’une gauche impuissante si utile à Macron. » Aussi, appelle-t-il de ses vœux, « il nous faut un projet écologique et démocratique pour le rendez-vous de 2022. Il nous faut porter les idées communistes avec notre secrétaire national ».

Lire aussi : « Fabien Roussel, déterminé pour un nouveau projet de société »

Pour Aurélien Gall, dans l’Aisne, la stratégie portée en 2012 et en 2017 n’était pas la bonne. Il cite les fermetures d’entreprises dans son département, la diminution des services publics, l’abandon du monde de la culture… « Depuis le dernier congrès, on voit Fabien Roussel tous les jours sur le terrain. Il y passe plus de temps que dans son bureau. Il est le candidat du peuple ! » Dans les Hauts-de-Seine, Stéphanie Gwizdak évoque le choix cornélien de la veille (samedi). « Mais le plus motivant reste devant nous », dit-elle. « Le plus difficile aussi car tout ne va pas se résoudre avec le choix d’un candidat et d’une stratégie. Il nous faut un programme et il nous faut travailler dans le détail comme la redistribution des richesses et des moyens de production. »

Ici, la section PCF du Douaisis brandissant le dernier numéro de Liberté Hebdo.
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« Construire une voix solide et crédible pour le monde du travail et pour les plus fragiles, porter des revendications radicales et réfléchies, nous faisant apparaître comme une vraie alternative crédible aux politiques libérales et sociales libérales », c’est ce à quoi appelle Soizic Lozachmeur, pour la Fédération du Nord. Il s’agit pour elle de renouer avec notre programme, qui diffère sur beaucoup de points avec celui de la France insoumise. « Ces différences ne sont pas à la marge, et le projet communiste tend à aller beaucoup plus loin que le projet de la France insoumise. » Karine Trottein, secrétaire de la Fédération du Nord renchérit sur fond de couverture du dernier numéro de Liberté Hebdo comparant, avec l’étude du Rapse, les idées de LFI et du PCF. Comme l’ont fait les délégués de Douai. Quant à la candidature de Fabien Roussel, qu’elle juge nécessaire, elle cite le projet de texte : « Ce ne sont pas les divisions qui engendrent la fragilité de la perspective progressiste, c’est la faiblesse des idées et des choix portés par une large partie de la gauche qui nourrit l’abstention et ne permet pas de faire reculer le vote en faveur de l’extrême droite. »  « Oui je suis convaincue, dit-elle encore, que nous avons tout intérêt à présenter un candidat communiste pour justement proposer clairement un choix politique, économique, social à la population et aussi à ceux qui s’engagent, donner les repères. C’est aussi selon moi ce qui justifie l’existence d’un Parti communiste. » Selon Éric Bocquet, enfin, toujours pour le Nord, les discussions qui ont émaillé cette conférence « sont la marque de l’ambition que nous devons avoir ».