Après le coup de théâtre survenu mardi matin 2 mars (l’accord intervenu entre LFI et EELV), le suspens était de mise. Finalement, les quatre formations sont parvenues à s’entendre pour monter une liste d’union et offrir une alternative à la droite pour la future formation du Conseil régional des Hauts-de-France. Fabien Roussel, chef de file des communistes, avait bien dit que sa candidature comme tête de liste n’était pas une « condition incontournable ». Dans notre édition du 5 mars, il gardait « l’espoir que l’on parvienne à une liste de large union rassemblant l’ensemble des forces de gauche et écologistes, des citoyens, du monde du travail ».
Contre les effets dévastateurs de la droite
Le communiqué commun, signé EELV, Parti socialiste, Parti communiste français et La France insoumise, va bien en ce sens. « C’est fait ! » peut-on lire dans ce texte. « Nous, Europe Écologie Les Verts, France Insoumise, Parti Socialiste et Parti Communiste Français, faisons union pour les élections régionales des 13 et 20 juin, dans les Hauts-de-France. » Et le communiqué poursuit ainsi : « C’est fort de nos valeurs communes et conscients de nos différences que nous faisons union, pour la justice sociale et climatique, union pour la défense du service public et de l’emploi, union pour la transition écologique et la réinvention de notre modèle industriel, union pour la refondation de notre modèle démocratique. Nous faisons union pour rompre l’emprise suffocante que l’extrême-droite exerce sur les Hauts-de-France et tente, depuis notre région, d’étendre à l’ensemble du territoire national. » Dans cette perspective, où « il faut soustraire les habitantes et les habitants des effets dévastateurs de la politique d’une droite qui, disposant de tous les pouvoirs, a tenté pendant six ans de donner un visage respectable aux politiques de casse sociale, de recul industriel et de retard coupable dans la transition énergétique », la Verte Karima Delli sera tête de liste. Reste que cet accord, pour l’instant unique en France, doit maintenant être approuvé par les instances et les militants des quatre mouvements respectifs. Au Parti communiste, très attaché à la consultation de ses militants, on s’est déjà mis au travail. Ce lundi matin 15 mars, le matériel de vote sera envoyé dans les sections. Les résultats devraient être connus le 25 mars. « Mais d’ici là, insiste Karine Trottein, secrétaire fédérale pour le Nord, il faut prendre le temps de discuter et d’expliquer. »
Le temps de l’échange
Car si l’accord est historique, il doit passer par ce temps d’échange indispensable. Les militants disposent donc d’une semaine. Il sera temps ensuite pour les quatre formations d’œuvrer sur le programme. « Nous irons sur des axes programmatiques très forts », dit encore Karine Trottein. Parmi les thèmes auxquels il faut s’attendre : l’énergie, la santé, les transports, la transition écologique. Au final, la raison l’emporte donc. Cet accord est fondamental pour être qualifié au soir du 13 juin. Tout devait donc être fait pour éviter le scénario de décembre 2015. Au Parti socialiste, Patrick Kanner, qui ne figurera pas sur la liste, se félicite de cette union. Le secrétaire national Olivier Faure souhaite pour sa part que d’autres alliances puissent se conclure ailleurs, dans le Grand Est, en Normandie et en PACA. Dans les Hauts-de-France en tout cas, la liste d’union emportée par Karima Delli sera face à celles de Laurent Pietraszewski (LREM), Xavier Bertrand (DVD), le président sortant, et Sébastien Chenu (RN). Ce dernier a aussitôt réagi à l’annonce de la liste de gauche en la renvoyant dos à dos avec celle de l’actuelle majorité régionale. Pour cela, il s’appuie, mais est-ce une surprise, sur une prétendue « submersion migratoire » qu’il compte bien combattre. Preuve en est de l’urgence d’un front commun à gauche.