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Vers le retour de la gauche à l’assemblée régionale

« Tout commence maintenant »

par Philippe Allienne
Publié le 24 juin 2021 à 22:21

Entre mauvaise distribution de la propagande électorale, couacs, dans certains bureaux de vote, avec l’absence de bulletins mis à la disposition des électeurs (comme à Cousolre avec la liste « Pour le climat, pour l’emploi » portée par Karima Delli), et un record historique des abstentions, il n’est pas facile de lire les résultats des élections régionales. Dans les Hauts-de-France, le taux d’abstention s’est élevé à 64,14 % au lieu de 45 % en 2015. C’est dans la Somme que la participation a été la plus forte avec 36,8 %. Ce département est suivi par le Pas-de-Calais (35 %), l’Aisne (34,9 %), l’Oise (32,4 %) et enfin le Nord (30,3 %).

Exit LREM

Si la droite est confortée et Xavier Bertrand certain d’être reconduit à la présidence de région (il garde finalement, au premier tour, à peu près le même nombre de voix qu’en 2015), il n’y aura pas de conseillers estampillés LREM en dépit des efforts de l’Élysée pour tenter de contrer le président sortant. Le Rassemblement national est en recul de 16 points par rapport au précédent scrutin. Marine Le Pen a eu beau se fâcher, dimanche soir, en appelant ses électeurs à se mobiliser au second tour, le nom de Sébastien Chenu fait moins recette que le sien. On remarquera aussi, même s’il ne pouvait se qualifier, la progression d’Éric Pecqueur pour Lutte ouvrière. Mais la grande leçon de ce premier tour, en dehors de la faiblesse de participation, est le retour assuré de conseillers de gauche au sein de l’hémicycle. En principe, Karima Delli devrait franchir la barre des 22 % au second tour. Si la modestie doit rester de mise (sa liste, avec 18,9 %, fait un score à peu près égal à celui du socialiste Pierre de Saintignon en 2015), l’union entre les Verts d’EELV, le PS, le PCF, LFI et Génération.s a quand même porté ses fruits. Mais il y a six ans, l’ensemble des listes de gauche totalisait 28 %. « Tout commence maintenant », a commenté la tête de liste d’union de la gauche qui annonce le retour de la gauche à la Région après six ans d’absence. Il y aura cependant eu du travail dans l’entre-deux-tours pour tenter de transformer l’essai. Karima Delli a par exemple eu beaucoup plus de mal à convaincre, dimanche dernier, dans les zones rurales. Sur les 25 à 28 conseillers de gauche (toutes tendances confondues) qu’il est possible de voir siéger dans la prochaine assemblée régionale, le Parti communiste peut compter sur trois parmi les 22 qui figurent sur la liste.

De futurs élus pour un nouveau modèle de société

Si la campagne a été difficile, le tract distribué par les communistes et intitulé « Les communistes avec Karima Delli » a semble-t-il convaincu. Il a en tout cas permis de mettre l’accent sur les points d’accord essentiels des candidats de gauches et des Verts. Il mettait par exemple en avant le soutien à l’industrie, à la filière agricole, à l’artisanat, aux TPE et aux PME. Au chapitre économique, les propositions des communistes de demander l’exigence de contreparties pour toutes les aides publiques aux entreprises et un contrôle de l’inutilisation de l’argent public ont été retenues. C’est aussi dans cette rubrique que l’on trouve la volonté de créer un fonds régional bancaire d’investissement pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologique. Dans le domaine des transports, on trouve la création de plateformes multimodales et le refus d’ouvrir les TER à la concurrence. La demande de gratuité des transports pour les jeunes de moins de 26 ans, premier pas vers une gratuité totale de ce service, est également rappelée. Un grand plan régional d’isolation thermique, à moindre coût pour l’usager, est une mesure défendue pour le logement. S’agissant des lycées, une compétence importante du conseil régional, les candidats veulent maintenir les agents territoriaux dédiés, entretenir et rénover les établissements, assurer leur accessibilité notamment pour les jeunes porteurs d’un handicap. Les moyens matériels qu’il faut offrir aux élèves des filières professionnelles ne sont pas oubliés. Comme le rappelait notamment Marie-Ange Layer, tête de liste communiste dans l’Aisne, il importe de lutter contre la désertification médicale avec des médecins salariés dans des centres de santé financés en partie par la Région. Enfin, au chapitre des services publics, et comme le PCF n’a de cesse de le répéter, leur protection doit être une priorité. « Un moratoire des suppressions de postes et un plan de recrutement anticipant les départs massifs seront mis en place » promettent les candidats. Ces derniers souhaitent aussi l’amélioration, voire l’optimisation, du fonctionnement des instances de dialogue social. « Ce doit être une priorité à la Région », assurent-ils.