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Alain Bruneel perd la 16e circonscription du Nord

« Le combat continue ! »

par Philippe Allienne
Publié le 24 juin 2022 à 11:19

Il aura manqué 213 voix au candidat sortant Alain Bruneel (PCF/Nupes) pour garder la circonscription. Celle-ci tombe à l’extrême droite, à la surprise générale.

À peine réélu à la présidence du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), à l’Assemblée nationale, André Chassaigne exprimait ses regrets et son soutien à Alain Bruneel. Mais pour ce dernier, l’heure n’est pas aux regrets. « Pour moi, le combat continue », affirme-t-il. Dès ce vendredi 24 septembre, avec Maryline Lucas, la maire de Guesnain qui était sa colistière aux législatives, il sera devant l’hôpital de Douai pour réclamer l’ouverture 24 heures sur 24 des urgences pédiatriques. Sur le terrain, rien ne change donc. Il n’empêche, l’échec du député sortant et la victoire de son adversaire RN Matthieu Marchio en surprennent plus d’une. « Depuis dimanche soir et les résultats du second tour, j’ai reçu quantité d’appel de personnes qui ne sont pas forcément de mon bord politique. À chaque fois, elles me disent ne pas comprendre, être surprises. Elles mettent en avant mon engagement sur le terrain, mon combat pour la gratuité des transports urbains, ma mobilisation pour la santé, pour la Poste et les services publics en général… » Alors que s’est-il passé ? Pour Alain Bruneel, c’est clair, le report de voix ne s’est pas fait au second tour. Tant les candidats d’Ensemble !, LR et même Radicaux de gauche ne se sont pas mobilisés. « On peut toujours clamer “pas une voix pour le RN’’, au final on voit bien que les appels sont restés très timides et que l’on a laissé le choix à l’électeur. » Ensuite, les propos de Jean-Luc Mélenchon sur « la police qui tue » n’ont pas contribué à aider le candidat progressiste. Son adversaire en a profité pour glaner des voix. Enfin, les votes nuls ou blancs et, surtout, l’énorme taux d’abstention (58 %) ont fait le reste. Pour Alain Bruneel, il faut aussi tenir compte du fait que les électeurs ont une soif très importante de changement. Or, par lassitude ou perte de confiance aux autres partis, ils s’en remettent à l’extrême droite. « Ils se trompent, dit-il. Mais il faut bien voir que le RN est aux portes du pouvoir depuis 2017. Les gens votent davantage pour une figure, celle de Marine Le Pen, que pour un parti. » Le nouveau député de la 16e, Matthieu Marchio, est en effet très peu connu. Élu d’opposition à Somain, il habite la Somme. À présent, Alain Bruneel fait confiance à la coalition (la Nupes) pour laquelle il a joué le jeu à fond. Mais, estime-t-il, « la pluralité à gauche est nécessaire pour être efficace et pouvoir s’exprimer ». C’est finalement ce qui se fait puisque l’idée de Jean-Luc Mélenchon qui voulait une seul groupe au détriment de ses composantes a été abandonnée sitôt émise. Mais l’ex-député du Nord a d’autres raisons de se battre et de rester mobilisé. « Je suis dans l’esprit de la dissolution. Il nous faut nous préparer. » Quand ? Dans six mois, un an peut-être. Quoi qu’il en soit, dit-il, Emmanuel Macron reconnaît n’être pas capable de gouverner seul. « Selon moi, il va présenter des propositions de loi et va convaincre qu’il aura tout fait pour que les choses avancent, pour que le pouvoir d’achat augmente, etc. Il va ensuite regretter un blocage à l’Assemblée nationale. Il va donc tenter de séduire l’électorat de droite et une partie de l’électorat de la social-démocratie. De toute façon, si ses projets de loi ne passent pas, je ne vois pas comment il pourra ne pas dissoudre. » Décidément, le combat continue.