Point de vue

La rage au ventre

par Alcide Carton
Publié le 22 avril 2022 à 11:24

Oui, la rage au ventre, j’irai voter Macron ! Je suis resté un peu silencieux ces jours-ci. Même les retraités ont droit à un peu de vacances, non ? Et puis hier, comme beaucoup, j’ai regardé « le débat ». Enfin le débat ? Bon, les journalistes et les chaînes qui vivent à l’audimat sont contents de compter les points des bons mots. Fifille Marine, la finaude, la bouche en sucre, nous l’a fait à la retape : elle parle au nom du peuple français. Pas du peuple de France, non car elle sait bien que dans le peuple de France il n’y a pas que des Français (selon sa définition). « L’ami Macron » a eu beau jeu de la mettre dans les cordes et de lui envoyer quelques « scuds » (excusez c’est peut-être un terme mal choisi en ce moment) bien choisis, l’autre n’était qu’à fleurets mouchetés. Et pour cause : le libéralisme de Macron ne la dérange pas, elle dit défendre les petites gens, le pouvoir d’achat, les libertés et la laïcité et par-dessus tout la République. Mais il faut avoir les yeux bien ouverts. La politique de l’autre lui a offert un boulevard et point n’était besoin de trop le critiquer puisqu’elle s’apprête à faire pire. En cela, il faut reconnaître à Macron un talent d’habile bretteur. La fifille Le Pen a fini par baisser la garde et, quittant toute séduction, apparaître dévoilée (oui je sais, c’est facile) telle qu’elle est et telle que l’extrême droite dont elle est l’égérie est : ultralibérale, violente et liberticide, revancharde, en un mot, anti-républicaine. Et ce n’est pas parce que dans ce match de dupes elle a été défaite qu’on en a fini avec elle. À cause de l’autre, de sa politique et du jeu de billard à trois bandes de ce scrutin le plus antidémocratique qui soit, elle est aux portes du pouvoir. Et si par malheur elle y accédait, elle et les siens (le grand capital) ne seront pas près de le lâcher. Alors c’est nécessaire, mais il ne suffit pas de sauter sur sa chaise en criant comme un cabri « pas une voix à Le Pen, pas une voix à Le Pen » pour chasser la démoniaque. L’abstention, et encore plus le vote blanc, dans ce jeu de dupes, ne pourra que lui profiter, elle dont les réserves de voix sont, hélas, considérables. Il ne faut pas avoir fait Sciences po pour comprendre ça, bon sang de bois. Croyez-vous vraiment que, si près du but, tous les électeurs de la droite extrême, sensibles aux sourires de Marine-fifille, vont ouvrir les yeux et rejoindre Macron si près des portes du pouvoir et des places ? Eux iront voter en masse contre Macron dont ils ne veulent plus. Et nous pauvres cons, laissés seuls face au dilemme, nous regarderons triompher les chemises brunes. Pour battre Le Pen, j’irai jusqu’au bout de mes engagements, sans me pincer le nez et en ne faisant pas semblant de laisser chacun avec sa conscience. C’est la rage au ventre que j’irai voter Macron, vraiment la rage au ventre, mais je ne veux pas offrir à mes petits-enfants d’autre choix pour vivre que de vivre sous la houlette des adorateurs de Pétain. J’ai aussi racheté une paire de brodequins neufs pour les futures manifs. Et je ne laisserai pas Macron tranquille car ma France à moi répond toujours du nom de Robespierre.