© Jacques Kmieciak
À Saint-Pol-sur-Ternoise

Paroles d’ouvriers

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 8 avril 2022 à 12:00

Pour la 4e fois depuis cet automne, le PCF du Ternois était à la porte d’Herta, ce géant de l’agroalimentaire aux 1 200 salariés.

Ils sont les seuls à occuper le terrain. À l’entrée du site, Edmond Bruneel, Jeanine Lagache et Raymond Machen ont enfilé leur chasuble jaune « pour une question de sécurité ». Un Travailleurs 62 et un tract d’appel à voter Fabien Roussel en main, ils sondent les intentions électorales des travailleurs de cette usine de fabrication de jambons et autres saucisses. Des « bon courage » fusent. Bientôt retraité, Jean-Michel va voter dimanche, « mais j’ignore pour qui », lance cet intérimaire de longue durée… « Il faut faire votre choix en fonction de vos intérêts. Et Fabien Roussel défend l’idée d’une retraite à 60 ans », lui rétorque Edmond Bruneel.

Surprise en vue ?

D’autres collègues expriment la même indécision à quatre jours d’un scrutin qui pourrait donc réserver des surprises. Quant à Bruno, il dit « ne pas s’intéresser à cette élection. Avant oui, j’allais voter, mais avec toutes les magouilles qu’il y a, ça ne m’intéresse plus ». « Je pense voter, mais c’est compliqué de bien le faire car il n’y a pas un candidat pour remplacer l’autre », estime Élodie, le sourire aux lèvres. « J’hésite entre Le Pen et Mélenchon. L’important, c’est que Macron ne repasse pas », lance la jeune Sarah qui vit chez sa mère et aspire à « s’installer » avec son copain. Elle avoue tout ignorer du programme de Fabien Roussel. Les militants communistes l’invitent alors à « prendre le temps de parcourir ses propositions en matière de pouvoir d’achat ». « Sous prétexte de modernisation, la direction prétend encore supprimer du personnel. Les syndicats ne bougent pas. C’est la misère qui arrive. Après 28 ans de boîte, je ne gagne que 1 500 euros par mois », peste Joël. Edmond Bruneel en convient : « C’est insuffisant pour vivre dignement ! » Au terme d’une heure d’échanges, le trio quitte le parking, le sentiment du devoir accompli. La journée n’est pas finie pour autant. Il s’agit désormais d’arroser la rue de Béthune pour contrecarrer la propagande d’Éric Zemmour « dont la “Lettre aux Français” a été diffusée dans les boîtes aux lettres, mais pas toutes », se rassure Jeanine Lagache.