© Marc Dubois
Fabien Roussel à Valenciennes

« Une sacrée gauche, nom de Dious ! »

par Patrice VERMEERSCH
Publié le 18 mars 2022 à 10:18

Dans une campagne présidentielle qui peine - et pour cause - à passionner les foules, une nouvelle approche marque de son empreinte un débat politique jusque-là bien insipide : celle de la France des Jours heureux. Nouvelle démonstration à Valenciennes lors du meeting de Fabien Roussel ce mardi 15 mars.

Il faut bien dire que les grands médias ont, de longue date, annoncé que cette nouvelle et importante échéance nationale se réduirait - selon leurs « éminents » spécialistes - à un duel Macron/Le Pen, ou plus exactement une opposition entre l’extrême droite et l’extrême centre ! Les arguments avancés par les « soi-disant incontournables » du deuxième tour n’ont pas évolué le temps d’une mandature. Loin s’en faut ! On a même la navrante impression que même la démagogie ne leur suffit plus à alimenter un débat qui crève la faim (la fin ?). C’est dans ce contexte de morosité politique que la rencontre des citoyens du Nord avec le candidat du PCF à Valenciennes aura eu un premier mérite : celui de redonner un peu de fraîcheur à des débats souvent ennuyeux. Nous n’évoquons pas ici la fraîcheur et la modernité du discours du candidat du PCF, mais bien la richesse et le contenu innovant présenté par Fabien Roussel. Loin des belles promesses de nos gouvernants qui - une fois de plus - nous prédisent pour demain ce qu’ils n’ont pas su, ou pas voulu mettre en œuvre hier, le candidat communiste propose de nouvelles perspectives, des jours heureux... et surtout les moyens d’y parvenir.

« S’ils osent faire ça en 2022, je prends tout ! »

À l’écoute de l’intervention de Fabien Roussel, on en vient à se rappeler que notre pays, riche de sa culture et de son économie, a toutes les cartes pour assurer le bonheur de sa population... On avait presque tendance à l’oublier ! Et après avoir salué les partis qui ont rejoint le programme des Jours heureux, et avoir non sans humour rappelé qu’avec ce meeting il jouait à domicile, il se félicitait de conduire cette « sacrée gauche, nom de Dious ! ». Très préoccupé par les conditions de vie des Français, des plus démunis, pour qui les sorties, les restaurants, les petits plaisirs de la vie et le simple fait de se chauffer sont devenus quasi inaccessibles, Fabien Roussel annonce la couleur : « Nous allons baisser les taxes sur les produits de première nécessité, et rétablir l’impôt sur la fortune. Il faut taxer les profits à la source, et avant leur départ vers des paradis fiscaux. » En prenant l’exemple de TotalEnergie qui a engrangé en 2021 16 milliards d’euros de profits et reversé 7 milliards de dividendes, Fabien Roussel l’annonce : « S’ils osent faire de même en 2022, en période de guerre, je prends tout, et tout de suite ! » Le ton est donné. Car la suite de l’intervention se concentre alors sur les engagements pris pour redonner une dignité aux salariés et aux retraités. Pour Fabien Roussel, pas de vaines promesses sans garantir les recettes qui permettront de les mettre en œuvre. Et ces promesses - et plus précisément ces engagements - doivent contribuer au financement du programme et au retour à cette « France des Jours heureux ». « Notre priorité c’est la France du travail... du travail correctement rémunéré... » insiste le candidat en énumérant les principales mesures qu’il imposera [1] : Smic à 1 900 euros brut (1 500 euros net) et ce sans réduction des charges sociales. Pour lui, cette baisse des cotisations sociales est une mesure démagogique conduisant à terme à la mort de la Sécurité sociale. « L’égalité des salaires femmes/hommes c’est pour tout de suite, et pas dans cinq ans : c’est une question de justice » poursuit-il, avant de proposer un vaste plan de création d’emplois (500 000) dans les services publics. Il salue à ce titre les métiers essentiels dont la France a tant besoin : infirmiers, travailleurs sociaux, enseignants, aides maternelles, aides à domicile, etc. Pour le candidat communiste, « une infirmière c’est essentiel, un trader ça ne sert à rien ! ».

« Une infirmière, c’est essentiel, un trader ça ne sert à rien ! »

Sur le thème police/justice, Fabien Roussel assume : « Oui j’ai manifesté aux côtés des policiers... qui en ont marre de laisser filer les délinquants faute de moyens et d’effectifs. » Et le recrutement de 30 000 policiers formés et dédiés à une vraie police de proximité est indispensable. Il manque actuellement 5 000 enquêteurs selon le syndicat des commissaires de police ! Côté justice, même constat : moins de 70 euros de budget par habitant, une misère face aux budgets dédiés dans les autres pays européens ! La Belgique y consacre 83 euros, l’Espagne 97 euros et l’Allemagne 131 euros. Avec 11 juges pour 100 000 habitants, il faut répondre aux 7 000 magistrats signataires d’une pétition d’appel à l’aide. Fabien Roussel veut doubler le budget de la justice. « Il faut une justice au service du peuple et une police pourvue de vrais moyens pour rétablir l’esprit de la République. » Et que dire de la mission des services des douanes ? Ils multiplient les saisies de drogue - et notamment de cocaïne - dans les zones portuaires comme à Dunkerque : « Toujours plus de trafics... et moins de douaniers. »

« Il faut une justice au service du peuple »

Sur le thème de la fraude fiscale, Fabien Roussel considère comme un investissement rentable le fait de doubler les budgets alloués au Parquet national financier (PNF) et à l’Office central de lutte contre la corruption. « Avec 18 magistrats, le PNF a récolté 10 milliards d’euros et je leur fais totalement confiance. » En abordant la situation des TPE et PME (celles qui ne délocalisent pas selon Fabien Roussel), il est prévu de baisser le coût de l’énergie, des assurances et d’aider à l’investissement. Cela sera rendu possible avec notre volonté de nationalisation de banques (Société Générale, BNP), des assurances (AXA)... Réindustrialiser le pays, relocaliser les entreprises, faire travailler les Français et les PME/TPE, aider l’agriculture, relancer la formation et plus généralement reprendre le pouvoir sur les outils de travail sont au cœur du projet présenté par Fabien Roussel. « Pour ceux qui pourraient penser que mon programme coûte cher, dois-je rappeler les cadeaux faits aux grandes entreprises, la suppression de l’ISF, les milliards offerts aux multinationales, les privatisations (dont celles des sociétés autoroutières) ? » Reprendre la main sur l’économie, c’est la politique à mener pour un retour à la justice sociale... et aux jours heureux !

Notes :

[1Le programme complet de la France des Jours heureux est à découvrir intégralement sur : fabienroussel2022.fr/le_programme.