26ème rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé-Pierre

La Covid-19 : une « double peine » et une « bombe à retardement »

par Justine Frémy
Publié le 12 février 2021 à 15:58

La crise sanitaire a fait l’effet d’une « double peine pour ce qui concerne les personnes sans abri ou mal-logées ; bombe à retardement pour les ménages modestes ». C’est le constat alarmant que dresse la fondation Abbé-Pierre dans son dernier rapport sur le mal-logement publié début février.

« Si l’année 2020 a été une année terrible pour les mal-logés, on peut craindre que 2021 ne soit pas meilleure, si rien n’est fait. » Dans son 26ème rapport annuel, la fondation Abbé- Pierre fait état de 4,1 millions de personnes en situation d’absence ou de mal-logement en France (dont 300 000 sans domicile) et 12,1 millions de personnes en situation de fragilité. Rappelant le précédent de la crise de 2008, le rapport alerte sur les risques de voir les effets de la crise sanitaire sur le mal-logement s’étaler pendant des années, malgré un retour à la normale (hypothétique) des conditions économiques.

14,6 millions de personnes concernées

Outre les personnes pas ou mal-logées, environ 18 % de Français vivraient dans des conditions de logement « fragiles » et pourraient rapidement basculer dans des situations dramatiques. Ces derniers sont soit des propriétaires dans des copropriétés en difficulté, des locataires avec des loyers ou charges impayés, en situation de surpeuplement modéré, de précarité énergétique ou encore d’effort financier excessif pour régler leur loyer. Face à cette menace, le rapport constate que « le bilan de l’action publique face au mal-logement, en cette année si particulière, est très insuffisant » et parle même d’« occasions ratées » par le gouvernement et qui ne se représenteront pas, évoquant notamment le plan de relance de 100 milliards.

Plan de relance : une « occasion ratée »

Pour faire face à cette crise dans la crise, la fondation réclame donc le renforcement de la stratégie du « logement d’abord » pour sortir les personnes de la rue, mais aussi l’encadrement des loyers et la mise en œuvre d’une garantie universelle des loyers pour remédier aux difficultés d’accès pour les plus modestes. Craignant un « drame » lors de la fin de la trêve hivernale le 1er avril (depuis repoussée au 1er juin par le gouvernement, ndlr), la fondation propose de créer un fonds national d’aide aux impayés et d’empêcher l’expulsion sans relogement. Par ailleurs, elle appelle à l’augmentation « de façon significative » de la production de logements sociaux et à la mise en place de véritables « obligations de rénover » pour lutter de façon effective contre la précarité énergétique.

Le système de protection sociale à revoir

Enfin, elle réclame l’augmentation d’urgence des minimas sociaux (notamment l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans) et déplore l’abandon du projet de Revenu universel d’activité (RUA) qui traduit, selon elle, un « aveu d’échec » et un « manque de volonté » du gouvernement dans ce domaine. Elle appelle donc de ses vœux les candidats à la présidentielle de 2022 à se saisir de cette question du mal-logement « à la croisée des enjeux sociaux et climatiques », et d’en « faire une des causes incontournables de cette nouvelle décennie ».

Lire le rapport dans son intégralité.