Logements insalubres et silence du bailleur

D’une part, il y a la loi Elan, un dispositif en forme d’usine à gaz créé par le gouvernement qui, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, a décidé de s’attaquer au logement social. Cette loi, qui prévoit entre autres les regroupements de bailleurs sociaux et la vente des logements aux locataires est présentée comme une bénédiction par certains. C’est le cas, par exemple, pour Action Logement dont le président Frédéric Roussel se targue d’apporter « une réponse rapide et concrète au besoin accru de logements sociaux et d’agir au plus près des acteurs du logement ». Action Logement entend « donner l’opportunité à des salariés modestes de devenir propriétaire de leur logement ». Ainsi, le 17 mars, il a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de l’Opérateur national de vente (ONV), le dispositif dédié à l’acquisition en bloc de logements sociaux. C’est un dispositif, effectivement, prévu par la loi Elan. C’est, à terme, la fin du modèle français du logement social. Et puis il y a les réalités de terrain, celles qui touchent directement les locataires modestes dont les problèmes sont rarement entendus. C’est ce qui se passe actuellement à Écaillon, près de Valenciennes. Joël Agogué, mandaté par Indecosa-CGT Nord et administrateur élu par les locataires à la société HLM SIGH-Habitat (dont le siège est à Valenciennes) a été alerté récemment par des locataires de la cité Les Arbrisseaux. Ces derniers se plaignent notamment d’importants problèmes d’humidité et n’ont pas de réponse de leur bailleur social. Le syndicaliste a constaté sur place que le taux d’humidité dépasse les normes européennes. Il a de ce fait interpellé la direction de l’Office HLM SIA-Habitat à Somain. Il a aussi poussé plus loin ses investigations pour s’apercevoir que le problème était étendu et que la VMC générale de l’immeuble ne fonctionne apparemment plus. La toiture est défectueuse. À l’intérieur des logements, les dégâts sont considérables. En même temps, les factures énergétiques sont très élevées. Mais ni le bailleur, ni le maire d’Écaillon, interpellé de la même façon, ne répondent. Une situation que ne comprend pas Joël Agogué, pas plus que Gaëtan Hélon qui habite la cité. Ce dernier essaie de mobiliser les locataires et a lancé une pétition. Mais, constate-t-il, les courriers recommandés adressés au bailleur semblent rester à la poste. Aucun récépissé n’est en effet parvenu aux expéditeurs. Si Gaëtan Hélon est bien décidé à se battre avec les locataires, il se sent bien seul. « SIA-Habitat, HLM Val d’Oise et la SIGH sont occupées par leur regroupement. » Elles ont d’autres chats à fouetter. Un autre effet de la loi Elan.