L’argent d’abord et les libertés s’il en reste

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 8 février 2019 à 09:53

Au Venezuela ou en France, les libertés individuelles et les droits n’ont pas la même valeur. Entre les turpitudes des pieds nickelés de la Macronie et les restrictions des libertés, la France devrait faire profil bas plutôt que de courir derrière Trump et les affamés du pétrole, prompts à détruire la démocratie au nom du sacro-saint baril.

Placés sous le contrôle de la justice pour violences, usurpations de fonctions… Alexandre Benalla - le bad boy du petit marquis du Touquet - et son comparse Vincent Crase étaient sommés de ne pas dialoguer le temps des procédures. Cette obligation judicaire, ils s’en sont « battu les steaks » comme on dit aujourd’hui.

Le site d’information Médiapart s’est fait l’écho de ce viol du contrôle judiciaire. Sans même que les impétrants aient déposé plainte, deux procureurs encadrés de pandores, ont débarqué au siège de Médiapart pour y effectuer une perquisition au nom de « l’atteinte à la vie privée » et pour savoir qui avait vendu la mèche. Au nom de la protection des sources reconnue par la loi, les responsables du site s’y sont opposés, s’interrogeant sur le comment du pourquoi d’une action que personne ne réclamait.

Et bien, on a découvert que c’est Edouard Philippe et son chef de cabinet qui ont demandé au nouveau procureur de Paris de déclencher cette opération à caractère politique visant à intimider ses destinataires. Le procureur s’est exécuté. Le même jour, sur injonction de Macron et de son porte-flingue Castaner, les députés godillots de La République en Marche, associés à la droite de Wauquiez, ont voté la loi dite « anticasseurs ».

"IMAGINE-T-ON UN GOUVERNANT ÉTRANGER INTIMANT L’ORDRE AU PRÉSIDENT FRANÇAIS DE PLIER BAGAGES ?"

Elle fait de tout participant réel ou supposé à une manifestation, un « casseur » potentiel et immédiatement justiciable. Tout manifestant est supposé casseur.« C’est à la société de liberté que l’on s’attaque en restreignant le droit de manifester »,a aussitôt déclaré au Monde l’avocat François Sureau, engagé dans la défense des libertés publiques, mais aussi - paradoxe dû au revirement du président Macron ? - premier rédacteur des statuts d’En Marche. « C’est le citoyen qu’on intimide, pas le délinquant », a-t-il précisé. Des propos et des appréciations approuvés par tout ce que la France compte de démocrates.

Au même moment, à 6161 kilomètres de l’hôtel Matignon, à Washington, Donald Trump appelait les militaires vénézuéliens à la sédition et au renversement du président Madoro qualifié d’« avatar du socialisme » et dont l’élection a pourtant été légitimée par les observateurs de l’ONU. Pour les convaincre de passer à l’acte, son conseiller à la sécurité nationale John R. Bolton a tranquillement affirmé que si cela ne suffisait pas, l’option militaire, c’est-à-dire l’intervention des Etats Unis, était « sur la table ».

Derrière Trump, le président Macron a ajouté une couche en reconnaissant avec ses pairs de l’Union européenne le président autoproclamé Juan Guaido. Soit dit en passant, celui-ci, homme de droite, a fait savoir aux Américains qu’il ouvrira le pétrole vénézuélien aux investisseurs étrangers !

La population de ce pays est frappée par des difficultés économiques terribles, mais que se dissimule derrière ces choix ? Car Macron ne bouge pas face à la politique de tyrans comme celui d’Arabie saoudite, et même il le ménage. Imagine-t-on un gouvernant étranger intimant l’ordre au président français de plier bagages au vu des sondages indiquant que plus de 75 % de la population française condamne sa politique, et que le pays est aux prises à un mouvement social inédit aux tournures parfois violentes ?

En Autriche, répondant aux demandes patronales, la droite et l’extrême- droite ont rétabli la journée de 12 heures et la semaine de 60 heures. En Hongrie, entre les mains d’Orban, autre ami de la Le Pen family, le paiement de 400 heures supplémentaires annuelles peut être différé de trois ans ! Les manifestations provoquées par cette dernière mesure ont été brutalement réprimées. Manipulation de la justice, organisation de la violence lors des manifestations de gilets jaunes, atteinte aux libertés fondamentales, en France, coup d’état des grandes puissances capitalistes contre un président contestable mais élu, surexploitation des travailleurs...

La démocratie se meurt, place à la « dictature douce » que les macronistes ont appelé de leurs vœux par la voix de Gérard Collomb lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. L’argent d’abord !

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Pétrole Venezuela