POINT DE VUE

La lutte des Gilets jaunes recommencera en janvier

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 28 décembre 2018 à 11:09 Mise à jour le 10 janvier 2019

Depuis cinq semaines notre région et pays vivent au rythme des barrages routiers filtrants, des manifestations et parfois de violences urbaines. C’est du jamais vu. Mêmes les références à 1968 sont inadaptées.

Dès son avènement, ce mouvement a été l’objet du mépris de la part du gouvernement, qui n’y voyait qu’un feu de paille, et celui de voix plus inattendues notamment syndicales. Pourtant, dès le 17 novembre, on a pu mesurer son ampleur et sa profondeur. Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sur les ronds-points montrant pour une fois leur utilité : être des lieux de rassemblement. C’est à l’occasion d’une nouvelle augmentation prix du carburant à la pompe consécutive à des hausses des taxes, que la France du diesel, cette majorité silencieuse tant de fois citée mais toujours impalpable, s’est fait entendre. Elle a fait résonner un colossal ras le bol populaire.

Celui-ci sera révélé quatre jours avant le début du mouvement par un sondage La Marseillaise-IFOP indiquant que 80,5 % des Gardois et des Héraultais n’en pouvaient plus de Macron et de sa politique. Les plus remontés des sondés étaient des ouvriers, des employés, des retraités, des auto-entrepreneurs et des cadres moyens.

Le 17 novembre ces mêmes sondés ont vêtu leurs gilets jaunes. Cet accessoire que l’on enfile quand on est en panne, en détresse, seul au bord de la route. Tout un symbole.

Car, ce sont bien celles et ceux qui voient les difficultés de la vie s’accroître, l’espérance d’un mieux être s’éloigner pour eux et pour leurs enfants qui ont endossé ce gilet symbolique.

En cinq semaines et malgré les violences exercées par des casseurs laissés libres d’agir, ce mouvement a fait plier le gouvernement, la présidence de la République et le patronat qui jusqu’alors n’avaient rompu sur aucune revendication ou presque. Ils ont lâché hypocritement, mais lâché tout de même sur le SMIC, la hausse des taxes des carburants, la hausse de la CSG pour les retraités, la prime de fin d’année, etc.

L’arme du discrédit n’a pas fonctionné

Si le pouvoir central a reculé, c’est moins à cause des violences que de l’impossibilité dans laquelle il s’est trouvé de maîtriser un mouvement inédit et populaire qui a malmené la « bonne marche » du système. Pour la première fois depuis longtemps le pouvoir a du faire face à un adversaire qu’il n’avait pas lui-même désigné. Il n’a pas pu le livrer, sous des prétextes fallacieux, à la vindicte populaire comme ce fut le cas lors de la longue lutte des cheminots. Cette fois l’arme du « discrédit » n’a pas fonctionné. C’est que le mal est profond. Dans le peuple, une conscience s’est installée : le dogme libéral est la cause des maux sociaux et sociétaux, la caste dirigeante en est l’auteur. C’est elle qui a précipité la France dans le chaos.

Chacun a bien compris que le gouvernement tentera de reprendre avec la main droite ce qu’il a cédé de la main gauche. Qu’il va tenter d’étouffer le mouvement de contestation notamment à l’aide du « grand débat de janvier ». Il peut y parvenir. Sauf, si ceux qui –à gauche- se réclament défenseurs du peuple, prennent part à tous les débats qui s’ouvrent localement et nationalement, s’ils s’unissent sur leurs nombreuses convergences pour dessiner avec peuple un changement radical de régime s’appuyant sur le principe de l’humain d’abord. S’ils échouent, la droite et l‘extrême-droite se chargeront d’écrire l’avenir en catalysant la colère.