Témoignages
- Khadila Responsable syndicale CGT au CHM
La situation de l’hôpital de Maubeuge tout comme celui de l’hôpital public est catastrophique. Nous subissons depuis plus d’une dizaine d’années de restrictions budgétaires imposées par les différents gouvernements successifs, des Républicains avec la mise en place de la T2A aux socialistes qui ont maintenu un ONDAM inférieur aux besoins réels de l’hôpital, en passant par En Marche qui ont continué à supprimer des lits hospitaliers malgré les promesses liées au Covid. Nous voulons rencontrer l’ARS au plus vite, car nous avons des propositions à leur faire. Nous voulons que le ministre se déplace, ici, au CHM, et qu’il rencontre les organisations syndicales, la Commission Médicale d’Établissement et les élus, ensemble ! Nous voulons que l’État cesse de faire peser sur les agents hospitaliers le coût du nouvel hôpital, mais aussi de dégrader les soins partout en France.
- Céline Infirmière en psychiatrie
Je viens manifester aujourd’hui pour que notre hôpital reste opérationnel et que nous ayons des soins proches de chez nous. Mais je manifeste aussi pour l’amélioration des conditions de travail des soignants et les conditions de soins et d’accueil des patients. Un très bel hôpital a été construit et tant au niveau du matériel que du personnel, c’est la catastrophe. Les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins. Un centre médico-psychologique a fermé sur Maubeuge. Il était vétuste. On réclamait sa rénovation mais rien n’a été fait, alors il s’est écroulé. On a été hébergé au centre de psychothérapie de Hautmont de façon temporaire. Cela dure depuis 5 ans. Pour l’anecdote sur cet établissement il manque des places de parking pour le personnel. On attend toujours d’être relogé pour accueillir convenablement les patients dans des lieux plus appropriés mais rien ne vient. Je trouve scandaleux que les choses ne bougent pas quand on attend 6 mois pour un rendez-vous, on a le temps d’être dépressif, d’avoir des idées noires et de passer à l’acte.
- Djamila Infirmière au CHM depuis 22 ans, représente de L’UNSA
On ne peut pas faire semblant de découvrir que l’hôpital public est un bien commun précieux et dire qu’on va le sauver alors que cela fait 10 ans qu’on fait l’inverse, et en particulier ces trois dernières années. On assiste actuellement à la faillite de l’hôpital public. Nous demandons au gouvernement de se ressaisir et de porter assistance à l’hôpital public à l’agonie. Nous voulons du personnel pour pouvoir assurer notre mission de service public de manière décente. Le Ségur de la Santé n’a pas provoqué le choc d’attractivité dont nous avions besoin. Nous voulons une qualité de soins optimale pour les usagers, patients de Sambre Avesnois. Nous voulons une suppression de la gestion exclusivement financière de l’hôpital. Il est temps de mettre un terme à la logique des hôpitaux gérés comme des entreprises, des supermarchés.
- Guillaume Rosey Secrétaire du syndicat CGT du CHM
Au nouvel hôpital, on a supprimé 30 lits. C’est énorme. Réduire les lits on sait ce que cela veut dire : tension maximum dans les services, travail à flux tendu. Les patients n’ont pas le temps de sortir qu’il faut en rentrer d’autres. Il y a eu beaucoup de casse sociale, d’agents maltraités, de départs d’infirmiers dont les compétences n’ont pas été reconnues. Maintenant il y a des difficultés de recrutement. Notre hôpital on le paye. Une activité moindre, avec peu de personnels a pour conséquence qu’on est encore obligé de fermer des lits parce qu’on n’a pas les moyens de faire rentrer de l’argent. Le déficit est en partie dû à l’absentéisme. On fait des heures et des heures même pas payées en plus. On est rappelé sans cesse, sur des repos. Au bout d’un certain moment les salariés se sentent mal, sont en arrêt maladie. Le coût de l’absentéisme est de 6 millions d’euros. On a proposé à la direction d’embaucher 14 aide-soignants, poste où il y a le plus d’arrêts, de mettre en place une équipe de remplacement afin de ne pas dépouiller un service pour en équilibrer un autre, parce que ça c’est une réalité aussi. Ça permettrait pour un investissement de 500 à 600 000 euros par an, de voir le taux d’absentéisme baisser. Aujourd’hui, il y a un vrai désert médical qui ne va pas s’arranger avant au moins 2035. Le numerus clausus n’a pas changé en réalité. On est toujours en grande tension.