Humeur

Quel avenir pour Macron : quitter l’Olympe ou l’aggiornamento, ou… ?

par ANDRE CICCODICOLA
Publié le 6 décembre 2018 à 18:48 Mise à jour le 1er janvier 2019

Un signe montre l’isolement croissant du président Macron. La droite, de Bayrou à Wauquiez, l’enfonce. Or, nous savons bien qu’ils sont absolument d’accord avec sa politique économique et sociale. La suppression de l’ISF : ils sont pour. La loi travail aggravée : ils sont pour. La taxation des retraites : ils sont pour. La sélection à l’université : ils sont pour. La réduction des prestations sociales et des dotations aux collectivités : ils sont pour. La privatisation de la SNCF : ils sont pour. Le CICE qui coûte 40 milliards par an sans contrainte pour le monde économique qui en profite pour accroître la rente des actionnaires : ils sont pour… Non seulement la droite ne lui accorde pas son soutien, mais elle en rajoute. Sans doute faut-il voir dans cette trahison entre amis un règlement de compte. Mais surtout, la droite perçoit l’exécration qu’éprouve le peuple à l’égard de Macron qualifié de méprisant président des riches. Elle espère en tirer profit au cas où !

La cohorte des humiliés

Isolé, Jupiter a perdu de sa superbe. Ses postures dans le conflit ont transformé une colère en fronde puis en une contestation confuse mais générale du système capitaliste. Gilets jaunes, lycéens, avocats, routiers, agriculteurs et peut-être cheminots demain… la cohorte des humiliés et des maltraités n’en finit pas de s’agréger et de relever la tête, soutenue notamment par de nombreux maires et élus locaux. Non seulement, elle bloque les ronds-points du pays, mais elle réclame dorénavant son dû au travers de propositions comme les 42 revendications des Gilets jaunes. Ces demandes rejoignent pour la plupart, celles posées ou appuyées depuis des années par les syndicats, des associations et ou des partis d’une gauche aujourd’hui désunie. Par leur nature et leur ampleur, elles remettent directement en cause le système libéral. Dans ce bras de fer ne disant pas encore son nom qui s’installe entre le capital et le travail que peut faire Macron ? Satisfaire les exigences du peuple ? Prendre en compte les inégalités sociales et fiscales ? Rehausser les salaires ? Faire payer les GAFA ? Ce serait un aggiornamento car cela irait à l’exact opposé de la politique libérale pro business qu’il développe et expose ex-cathedra depuis son élection. Certes, il cède sur les taxes des carburants mais il ne rompt pas sur l’essentiel : le prix du travail et la garantie des profits. N’a-t-il pas - par la voix de son premier ministre- décidé de ne pas augmenter le SMIC, à la demande explicite du patron des patrons, Geoffroy Roux de Bezieux et… de maintenir la suppression de l’ISF. Face à la contestation et la haine qu’il provoque, Jupiter va-t-il dissoudre l’Assemblée au risque d’une hécatombe des godillots macroniens ? Va-t-il provoquer un referendum ? Va-t-il quitter l’Olympe en démissionnant comme le fit de Gaulle ? Espère-t-il contrarier la convergence des colères et pourrir le mouvement par des manipulations périlleuses ?

La gauche capable de surmonter ses désaccords ?

Nous vivons des instants historiques d’où tous les possibles peuvent émerger. Certains d’entre eux sont inquiétants car on sait que l’extrême droite est en embuscade, prête au pire pour qu’au bout du compte les privilèges reviennent aux privilégiés. Quelles forces peuvent aider à construire, avec ceux qui agissent avec ou sans gilets, une alternative de progrès mettant l’humain et l’égalite au cœur d’un nouveau système ? Les forces de progrès que la gauche recèle sont désunies. Seront-elles capables de surmonter leurs désaccords, de mettre un terme et de dépasser la volonté hégémonique de l’un, les frustrations ou les calculs électoraux des autres pour se mettre au seul service de la multitude ? Une chose est sûre, l’histoire n’attend pas, elle repasse rarement les plats et elle garde les faits en mémoire.

André CICCODICOLA